Pour les galeries d’art contemporain, l’heure n’est guère à l’euphorie. Les jeunes enseignes traversent cette période en faisant le dos rond. « Il y a, ces dernières années, 10 % de nos adhérents qui soit ont fermé, soit sont en grande difficulté financière, quelle que soit l’ancienneté de la galerie », confie le nouveau président du Comité professionnel des galeries d’art (CPGA), Philippe Charpentier, avant toutefois d’ajouter : « Il n’y a pas de défaitisme, il faut traiter le problème ! »
Mi-juillet 2025, le « Baromètre » des galeries, un rapport publié par le CPGA sous la houlette de la galeriste Magda Danysz, a pointé cette tendance. « Dans un contexte international fortement dégradé (inflation persistante, recul de la demande institutionnelle, pressions sur les coûts logistiques), les galeries françaises, déjà fragilisées, n’ont pas les outils pour résister seules. Les aides postpandémie de Covid-19 ont permis un sursis, mais non une transformation en profondeur. L’absence de dispositifs spécifiques d’accompagnement pour les jeunes galeries, la concentration de l’attention média-ique et financière sur une poignée d’acteurs, et la faiblesse de la structuration du second marché aggravent encore la situation », résume le rapport.

D.R. The Art Newspaper France
Une difficulté à passer les échelons
Certaines enseignes souffrent plus. « La hausse généralisée des coûts constitue un autre facteur de fragilisation. Qu’il s’agisse des foires internationales, dont les tarifs explosent, des loyers en zones urbaines tendues, des coûts de production des œuvres ou encore des frais de logistique et de transport, les charges supportées par les galeries atteignent des niveaux critiques. Ce contexte pèse particulièrement sur les petites et moyennes structures, qui peinent à maintenir une programmation exigeante et à préserver leur rentabilité », ajoute le « Baromètre ».
Cette fragilité nuit au développement de ces dernières. « Contrairement à ce qui se passe à Londres ou à Berlin, la relève française après 2015 n’arrive souvent pas à changer d’échelle, à entrer dans les grandes foires, à s’insérer dans le jeu international à cause de ce changement de coût pour accéder à ce niveau », s’inquiète Philippe Charpentier. Puis de préciser : « C’est un problème pour tout l’écosystème en France, un enjeu politique de souveraineté. Il faut davantage aider une quarantaine de galeries de moins de huit ans à croître ». Sous son impulsion, une commission spéciale vient d’être créée au CPGA et d’organiser sa première réunion. Des projets concrets sont à l’étude.
En attendant, les foires demeurent un passage obligé pour se lancer et se faire connaître. Tant qu’elles restent émergentes, les galeries peuvent tenter leur chance et viser les secteurs dédiés aux jeunes enseignes, moins onéreux – art-o-rama, à Marseille, reposant sur une structure associative, fait partie des moins chères. Des aides existent, comme celle du Centre national des arts plastiques soutenant la participation à une foire à l’étranger pour y promouvoir la scène hexagonale. Le plus dur vient ensuite. « Lorsque l’on passe à la case suivante après avoir épuisé les secteurs “jeunes galeries” des foires, les tarifs et les enjeux changent, il faut arriver à suivre », commente le marchand parisien Martin Bremond, codirecteur de Bremond Capela.
