« En 2024, avec la première édition du "Jour des Peintres" initié par Thomas Lévy-Lasne et Nicolas Gausserand, le musée d’Orsay avait autant surpris que séduit le public en donnant à voir d’un seul coup d’un seul un véritable panorama de la scène picturale française », a écrit dans son édito, paru à titre posthume, Sylvain Amic, le président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, décédé brutalement le 31 août 2025.
Poursuivant cette initiative, le « Jour des Écrivains » accueillera 32 auteurs dans la nef du musée ce jeudi 18 septembre, à l’invitation de Christophe Ono-dit-Biot, commissaire de l’événement. Au cours de cette soirée, de 17 heures à 21 h 30, chaque écrivain proposera deux lectures d’un texte, extrait de l’un de ses livres ou inédit, en lien avec le musée d’Orsay, un artiste ou une œuvre exposée. À l’issue de chaque lecture, les auteurs retrouveront le public dans un espace situé au centre et au fond de la nef du musée afin d’échanger et de dédicacer leurs livres, disponibles à la vente sur place.
Les auteurs participants sont : Christine Angot, Pierre Assouline, Nathalie Azoulai, Bertrand Belin, Anne Berest, Claire Berest, Enki Bilal, Arnaud Cathrine, Sarah Chiche, Philippe Claudel, Charles Dantzig, David Foenkinos, Dan Franck, Adrien Goetz, Patrick Grainville, Yannick Haenel, Lola Lafon, Marie-Hélène Lafon, Camille Laurens, Maria Larrea, Diane Mazloum, Véronique Olmi, Christophe Ono-dit-Biot, Véronique Ovaldé, Sylvain Prudhomme, Atiq Rahimi, Éric Reinhardt, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin, Jean-Philippe Toussaint, Éric Vuillard et Alice Zeniter.
« À Orsay, nous croyons profondément à ces dialogues autour de notre bien commun, les collections, poursuivait Sylvain Amic dans son édito. Parce que les discours sur les œuvres sont pluriels, parce que les sens sont multiples, nous pensons le musée comme un lieu où les savoirs s’échangent, où la connaissance se construit en empruntant des voies diverses, et parfois des chemins de traverse. Laisser pour une journée la place aux écrivains, ce n’est pas nous dépouiller de notre expertise : c’est se mettre à l’écoute d’autres sensibilités et ouvrir d’autres portes. »
Et de conclure : « Lors de cette journée exceptionnelle, une trentaine d’auteurs contemporains, qui ont accepté l’invitation de Christophe Ono-dit-Biot, viendront nous faire la joie de "lire une œuvre". Je tiens ici à les en remercier chaleureusement. Tous ont un lien intime avec Orsay : un tableau qui les bouleverse, une sculpture qui les inspire, un artiste qui les habite. Des Nymphéas de Monet au Nu rose de Bonnard, de La Petite danseuse de Degas à L’Atelier du peintre de Courbet, ils livreront au public leurs regards, leurs émotions, leurs récits – au cœur même des salles d’exposition. Ces voix singulières offriront aux visiteurs une autre façon d’embrasser les chefs-d’œuvre : à travers la puissance évocatrice des mots et la richesse des imaginaires. […] Le "Jour des Écrivains" deviendra un rendez-vous régulier, que je souhaite ouvert, joyeux, participatif. Parce que la lecture peut toucher chacun de nous, quels que soient nos parcours, notre relation au livre ou à l’art, nous confions à ces auteurs et autrices le soin de nous entraîner dans des voyages littéraires et esthétiques qui se prolongent dans leurs pages, bien au-delà des cimaises. »
« La lecture est une cause qui m’est chère, la lecture de textes, performés en public, me passionne, et j’ai un lien particulier au musée d’Orsay, explique Christophe Ono-dit-Biot. À l’Orangerie, j’ai eu l’an dernier la chance de dire un de mes textes devant les Nymphéas, accompagné par le musicien Thomas de Pourquery. Quant au musée d’Orsay, il est largement mis en scène dans mon roman Plonger, où figurent d’ailleurs plusieurs de ses œuvres. Je pense très souvent, avec une certaine envie, à ce XIXe siècle dans lequel s’ancre le musée par ses collections. Une époque où les écrivains et les peintres, les sculpteurs, les photographes, déjà, se fréquentaient énergiquement. Une époque, aussi, où les écrivains ont défendu par leurs mots – si l’on pense aux impressionnistes – de grands artistes encore pas très bien compris par leurs contemporains ! Pensons à Baudelaire, qui mit sa plume au service de Delacroix ou de Manet dont il ressentait la modernité. Le temps de cette belle soirée, dédiée à Sylvain Amic, nous allons recréer ce lien entre les artistes et les écrivains, qui sont, du reste, aussi des artistes ! »
Les lectures se tiendront dans les galeries du rez-de-chaussée du musée : salle 3 – Le nu académique. Bouguereau, Cabanel ; salle 6 – Courbet et le réalisme ; salle 11 – Les débuts de Cézanne ; salle 18 – Bazille, Monet, Renoir : les années 1860.
