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Un portrait peint par Émile Bernard rejoint les collections du musée de Pont-Aven

Grâce à une mobilisation locale et au soutien de financements privés et publics, le musée a pu acquérir une œuvre de la période pontavénienne du peintre.

Dimitri Cosme
2 juillet 2025
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Émile Bernard, Portrait du peintre Eric Forbes Robertson, 1892, Huile sur toile, 65 sur 53,2 cm. © musée de Pont Aven

Émile Bernard, Portrait du peintre Eric Forbes Robertson, 1892, Huile sur toile, 65 sur 53,2 cm. © musée de Pont Aven

Le musée de Pont-Aven enrichit ses collections avec l’acquisition du Portrait de Forbes-Robertson, une huile sur toile réalisée par Émile Bernard en 1892. Cette œuvre, qualifiée par le musée de « tableau manifeste de la période pontavénienne d’Émile Bernard », vient combler une lacune dans son fonds. En effet, la collection se compose principalement d’œuvres marquées par le retour au classicisme que le peintre connaîtra au cours du XXᵉ siècle, ses expérimentations postimpressionnistes menées en Bretagne étant jusqu’ici peu représentées. C’est précisément cet ancrage régional qui a motivé des mécènes et permis de réunir les fonds nécessaires à cette acquisition.

Réalisé en 1892 par Émile Bernard, le Portrait de Forbes-Robertson représente l’acteur et artiste britannique Eric Forbes-Robertson (1865- 1935), connu sous le pseudonyme de John Kelt. Resté proche de son lieu d’origine, le tableau a connu différents propriétaires sans jamais réellement quitter Pont-Aven. En proie à des difficultés financières, son premier détenteur avait dû le laisser en gage auprès de Marie- Angélique Satre. Celle que l’on surnommait « la Belle Angèle » (1836-1932) était la tenancière d’un débit de boissons situé à proximité de la pension Gloanec, haut lieu de sociabilité pour les artistes de passage. L’œuvre est restée dans la famille de cette figure locale jusqu’en 1954, avant d’être acquise par un collectionneur privé breton. C’est la mise en vente récente de cette collection qui a permis au musée de procéder à l’achat du tableau, grâce à un dispositif de financement original.

L’opération a été rendue possible par une campagne de financement participatif intitulée « Gardons John le Celte à Pont-Aven ! ». Selon le musée, cette initiative illustre « une nouvelle forme d’engagement citoyen en faveur du patrimoine artistique ». Sur les 189 donateurs recensés, 128 sont originaires de Bretagne, soucieux de voir l’œuvre demeurer dans la région.

Cette mobilisation locale – sans oublier quelques dons nationaux – a s’est accompagnée de contributions allant de 20 à 2 000 euros. L’objectif initial de 10 000 euros a ainsi été largement dépassé : 11 290 euros ont été collectés en ligne, complétés par 15 000 euros apportés par les Amis du musée. L’association a porté l’effort à 40 000 euros, en écho aux 40 ans de l’institution. Au total, ce sont 51 290 euros qui ont été réunis.

Ce financement privé a été renforcé par des soutiens publics. Le Fonds du patrimoine, relevant de l’État, a apporté environ 30 % du montant total, tandis que le FRAM (Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées), dispositif conjoint de l’État et de la Région Bretagne, a permis de réunir le complément pour cette acquisition.

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