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D’Orléans à Saragosse, à la redécouverte de Jean Bardin

Le musée d’Orléans fait le choix original et courageux de consacrer une exposition à Jean Bardin, artiste méconnu du Siècle des lumières, et acteur incontournable de la vie artistique locale.

Wandrille Potez
8 décembre 2022
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Jean Bardin, Le Mariage, 1790-1791, huile sur toile, 216 x 485 cm. © Saragosse (Espagne), chartreuse d’Aula Dei, réfectoire

Jean Bardin, Le Mariage, 1790-1791, huile sur toile, 216 x 485 cm. © Saragosse (Espagne), chartreuse d’Aula Dei, réfectoire

Le musée des Beaux-Arts d’Orléans poursuit avec une rare opiniâtreté la mission qu’il s’est donnée depuis plusieurs années, ouvrir grand ses portes à la cohorte des artistes oubliés, et qui ont cela de particulier qu’ils n’avaient pas mérité de l’être. Après le singulier Jean-Marie Delaperche en 2020, c’est au tour de Jean Bardin d’être ainsi rendu à l’histoire de l’art, en reconnaissance des loyaux services rendus à la bonne ville d’Orléans. Premier directeur de l’école gratuite de dessin créée par Aignan-Thomas Desfriches en 1786, Bardin partageait le rêve de son fondateur : métamorphoser la cité en capitale des arts, à la veille de la Révolution. Renonçant à l’Académie royale et à sa carrière parisienne pour se consacrer à l’enseignement du trait, Jean Bardin sacrifiait sa fortune critique.

Jean Bardin, Bacchantes décorant la statue du dieu Pan, plume et encre noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier préparé en bleu, 43,8 x 32 cm. Vienne, Albertina. © Albertina

Ses dessins n’ont pourtant jamais cessé d’être admirés dans le secret des collections privées, et continuent d’être défendus par les galeristes les plus attentifs. Aussi surprenant que cela puisse paraître et malgré leurs éblouissantes qualités, l’écrasante majorité des feuilles présentées à Orléans restent inédites. Les fascinantes Bacchantes acquises par Albert de Saxe-Teschen, prêtées par l’Albertina de Vienne, quittent leurs réserves autrichiennes pour la toute première fois. Même le dessin le plus audacieux de Bardin, L’Enlèvement des Sabines qui fit fureur à la fin des années 1770, n’avait pas été exposé depuis le XVIIIe siècle. Ses dimensions imposantes et le tourbillon des passions qui s’y déchaînent en font un chef-d’œuvre du baroque des Lumières. Baignée – grâce aux rehauts de craie blanche – d’une lumière crue, la violence de la scène faisait écho à son pendant aujourd’hui perdu, Le Massacre des Innocents. Puisse cette exposition permettre de le retrouver !

Jean Bardin, Le Martyre de saint Barthélemy, 1765, huile sur toile, 280 x 200 cm. © Mesnil-le-Roi, église paroissiale Saint-Vincent, Conseil départemental des Yvelines, J.L. Josse

Éclipsés par ses talents de dessinateur, les tableaux de Jean Bardin sont longtemps restés méconnus, attribués à ses pairs ou roulés dans les combles des sacristies. Au gré et parfois au hasard des restaurations, certaines œuvres majeures sont enfin réapparues, tel un monumental Martyre de saint Barthélémy qui sommeillait dans l’église du Mesnil-le-Roi et dont la signature était dissimulée sous une épaisse couche de suie. Exécutée en 1765 par ce jeune lauréat du Prix de Rome en pleine possession de ses moyens, la toile manifeste la place incontestable de Bardin dans la grande peinture d’histoire, risquant une synthèse efficace entre l’art de son maître Jean-Baptiste Marie Pierre et l’héritage de Nicolas Poussin. Bardin tend à marier ainsi l’onctuosité rocaille au désir de l’antique, oscillant assez librement de l’une à l’autre, de la tendresse à la sévérité.

Jean Bardin, Autoportrait, 1773, huile sur toile, 45,5 x 36,5 cm.

© Collection particulière

Cette tension trouve un point d’équilibre dans son œuvre testament, l’imposant cycle des Sacrements peint onze années durant pour la chartreuse de Valbonne, de 1780 à 1791. Accroché au grand complet à Orléans, cet ensemble colossal de sept toiles mesurant chacune près de cinq mètres de long a connu une histoire rocambolesque. D’abord épargnés par la Révolution, puis évacués « discrètement » de Valbonne vers l’Espagne après l’expulsion des chartreux hors de France, les tableaux ornent depuis 1905 le réfectoire d’une abbaye de Saragosse, plus célèbre pour ses fresques de Goya que ses grands Bardin. En dépit de leur état préoccupant, ces tableaux révèlent l’extrême sensibilité d’un peintre qui concilie avec brio la rigueur des compositions, la délicatesse des drapés et la subtilité des coloris, que l’on devine dignes d’un Joseph-Benoît Suvée. Espérons que l’exposition encouragera la Communauté du Chemin Neuf, qui occupe désormais les lieux, à réunir les fonds nécessaires à leur restauration. À moins bien sûr que la Providence ne s’en charge avant elle.

« Jean Bardin (1732-1809), le feu sacré », du 3 décembre 2022 au 30 avril 2023, Musée des Beaux-Arts, 1, rue Fernand Rabier, 45000 Orléans

Commissariat scientifique :

Frédéric Jimeno, docteur en histoire de l’art, chargé de cours à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Comité scientifique :

Corentin Dury, conservateur des collections anciennes du musée des Beaux-Arts d’Orléans

Christine Gouzi, professeur en histoire de l’art moderne, Sorbonne Universités

Mehdi Korchane, responsable des arts graphiques des musées d’Orléans

Nicolas Lesur, historien de l’art

Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, conservatrice des collections après 1750

ExpositionsMusée des Beaux-Arts d'OrléansOlivia VoisinJean BardinAlbertina Museum de VienneArt ancienJean-Marie Delaperche
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