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Critique

Kazuo Kitai : fragments d'une vie photographique

Dans Iroha, le célèbre photographe japonais livre une réflexion sensible sur la créativité et la question du renouvellement chez un artiste.

Zoé Isle de Beauchaine
18 décembre 2025
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Kazuo Kitai, Iroha, Marseille, Chose commune, 2025, 80 pages, 44 photographies, 42 euros.

Kazuo Kitai, Iroha, Marseille, Chose commune, 2025, 80 pages, 44 photographies, 42 euros.

Peut-on épuiser un processus créatif ? C’est ce qui semble être arrivé à Kazuo Kitai, figure majeure de la photographie japonaise, né en 1944. S’il reste méconnu en France, ce dernier est entré dans l’histoire à tout juste 20 ans, grâce à ses clichés documentant de l’intérieur les révoltes étudiantes qui ont secoué le pays au tournant des années 1970.

L’esthétique radicale de ses instantanés, souvent flous, au grain prononcé et aux contrastes poussés à l’extrême, rappelle le style are, bure, boke (brut, flou, trouble) adopté par la jeune garde des photographes japonais de cette période, notamment le groupe de la revue Provoke. Kazuo Kitai n’a cependant adhéré à aucun mouvement ou organisation, cultivant son statut d’électron libre. En 1975, il est le premier lauréat du prestigieux prix Kimura Ihei pour son travail sur la ruralité japonaise. Influencé par le photographe français Eugène Atget, il aborde ses sujets à travers le prisme de l’ordinaire et de la vie quotidienne.

Entre mémoire et élan

À 80 ans et après une vie de photographie, Kazuo Kitai se trouve face à un dilemme. Chaque fois qu’il tente de prendre de nouveaux clichés, son œuvre passée défile devant lui. Saisi par l’impression d’avoir déjà photographié ce qu’il s’apprête à capturer, il se trouve dans l’impossibilité d’activer le déclencheur : « La situation s’est répétée tant et tant de fois que j’ai fini par me lasser de prendre des photos. »

Il décide alors de revenir aux tirages de ses premières œuvres, qu’il déchire dans un geste cathartique. De cette rupture, il espère une renaissance. Mais plutôt que de reprendre l’appareil photographique, c’est un pinceau qu’il saisit. Réunissant les lambeaux de ses tirages sur un papier cartonné, il les enduit de peinture, réactivant ces scènes de révoltes, les visages des manifestants, les voitures en feu, les charges de policiers. Il inscrit sur ses images les caractères japonais « I », « RO » et « HA » – que l’on pourrait traduire par « B.A.-BA » – ainsi que les chiffres « 1, 2, 3 ». Ces signes renvoient aux fondements, tout en donnant le décompte d’un nouveau départ, l’élan pour repartir de zéro.

Le livre, publié par les éditions Chose commune, qui rassemble ces quarante-cinq images hybrides, prolonge cette idée. Les pages, simplement pliées et non reliées, évoquent l’esthétique brute des tracts et manifestes distribués lors des révoltes. Il ramène le photographe à ses toutes premières publications, bouclant ainsi un cycle de création. Pour Kazuo Kitai, il est enfin possible de réapprendre à créer.

Kazuo Kitai, Iroha, Marseille, Chose commune, 2025, 80 pages, 44 photographies, 42 euros.

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