Le cadre intimiste et feutré d’un hôtel germanopratin constitue un écrin sur mesure pour jouer une partition de musique de chambre et y présenter des œuvres sur papier. C’est ce que propose, pour sa première édition, le Paris Danube Print Salon, organisé jusqu’au 23 novembre par l’imprimeur et éditeur américain Michael Woolworth, installé dans la capitale, et les artistes Edouard Wolton et Wernher Bouwens, en collaboration avec Susan Tallman, historienne de l’art spécialisée dans l’image imprimée.
Pour l’occasion, une vingtaine d’exposants disposent chacun d’une chambre pour donner à contempler leur production. En parallèle, une exposition collective est organisée dans la réception de l’hôtel. Chaque après-midi, une conférence ou une discussion sur l’estampe contemporaine se déroule dans un espace dédié.
L’idée, séduisante, n’est pas sans rappeler une formule déjà éprouvée : « Room service », sélection annuelle d’artistes invités par PhotoSaintGermain à investir les chambres du mythique Hôtel La Louisiane, situé à quelques pas dans le même quartier.
À l’Hôtel du Danube, sous la bannière tricolore, outre Cahiers d’art, revue fondée en 1926 par Christian Zervos au 14, rue du Dragon et relancée en 2012 par Staffan Ahrenberg, venue en voisine, les visiteurs peuvent découvrir les tirages réalisés par Le Garage Litho, atelier de lithographie basé dans le 10e arrondissement ; les estampes créées par les talents renommés et émergents des Éditions du Lavoir, imaginées en 2020 dans l’atelier René Tazé par Bérengère Lipreau et Domitille Araï ; Atelier Arcay, éditeur et sérigraphe depuis 1951, installé dans le 11e arrondissement depuis 1992 ; Tchikebe, coopérative d’artisans d’art créée à Marseille en 2012 ; et bien sûr Michael Woolworth, l’éditeur et imprimeur d’origine américaine à l’initiative de ce salon. Son atelier, installé depuis 1985 dans le 11e arrondissement, est spécialisé dans les techniques de lithographie, les gravures sur bois, linogravures, monotypes, gravures et multiples, le tout exclusivement sur presses manuelles. Fondateur de Michael Woolworth Publications, il a été honoré en 2011 du titre de Maître d’art. L’année suivante, son atelier a été labellisé « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Parmi la centaine d’artistes contemporains dont il a imprimé et édité les œuvres figurent Philippe Favier, Marc Desgrandchamps, Djamel Tatah, Jean-Michel Othoniel, Abdelkader Benchamma, Claire Chesnier…
Cette première édition compte un important contingent américain : Farrington Press, imprimerie et espace collaboratif situés au pied de l’observatoire astronomique de Farrington, dans les montagnes proches de Joshua Tree, en Californie ; Grenfell Press, fondée en 1979 par Leslie Miller à New York, dont les livres d’artistes et tirages en édition limitée, fruits d’un travail de gravure sur bois, linogravure et pochoir, ou typographie, sont inclus dans les collections du Getty Center à Los Angeles, du Metropolitan Museum of Art (Met) à New York ou du Musée national d’art moderne / Centre Pompidou à Paris ; Jungle Press Editions, sous la houlette du maître imprimeur Andrew Mockler dans son atelier situé à Brooklyn ; Marginal Editions, créées par Brad Ewing en 2007 à New York pour travailler principalement dans l’art de la typographie et de la sérigraphie ; Shore Publishing, créé par Mae Shore en 2014 dans la vallée historique de l’Hudson à Tuxedo Park, dans l’État de New York ; enfin, le Print Center New York, institution à but non lucratif « qui défend la gravure en tant que forme d’art stimulant l’invention, la collaboration et l’accès, et joue un rôle vital dans la société ».
Plusieurs éditeurs européens ont également fait le déplacement pour ce nouveau rendez-vous, se joignant à cette valse d'œuvres sur un air de Beau Danude bleu : le Madrilène Benveniste Contemporary ; BORCH Editions, fondé en 1979 par Niels Borch Jensen à Copenhague ; l’imprimeur et éditeur d’estampes et de livres d’artistes contemporains Bruno Robbe, qui a repris la succession de l’atelier de lithographie de son grand-père, fondé en 1950 à Frameries, en Belgique, et qui a travaillé avec de nombreux artistes belges et internationaux tels qu’Adel Abdessemed, Ann Veronica Janssens, Michel François, Raphaël Decoster, Lawrence Weiner, David Nash, Édith Dekyndt… ; GATE44, un centre de production de culture visuelle, éditeurs et résidence d’artistes à Milan, en Italie ; le duo allemand Gfeller + Hellsgård ; l’atelier Mizdruk, fondé en 2015 par Jan-Willem van der Looij dans le village d’Aarle-Rixtel, aux Pays-Bas ; PrintJam, un collectif d’artistes européens qui se retrouvent plusieurs fois par an dans l’atelier de Thomas Siemon à Leipzig pour « jammer », à l’origine depuis 10 ans de 485 œuvres originales, 3 livres d’artistes édités à 300 exemplaires, ainsi que plusieurs papiers peints originaux et de nombreuses affiches d’expositions. L’Allemand TEXTE ZUR KUNST (TZK), qui célèbre cette année ses 35 ans d’éditions, avec son magazine bilingue de renommée internationale sur l’art contemporain, la théorie et la politique, présente les éditions de Rita Ackermann, Kai Althoff, Hernan Bas, Louise Bonnet, Jadé Fadojutimi, Josh Kline, Jill Mulleady, Albert Oehlen, Christina Quarles, Richard Prince, Ed Ruscha, Christine Wang et Grace Weaver.
Enfin, il ne faut pas manquer l’atelier de lithographie Steindruckerei Wolfensberger, qui a écrit un pan de l’histoire de l’imprimerie suisse. Fondée à Zurich en 1902, la Graphische Anstalt J.E. Wolfensberger AG, reprise par Thomi Wolfensberger à la fin des années 1980, a collaboré avec des artistes tels que Fischli/Weiss, Samuel Buri, Shirana Shahbazi, Huber.Huber, Zilla Leutenegger, Dominique Lämmli, Michael Günzburger, Dominik Stauch, Adrian Schiess et d’autres artistes internationaux, parmi lesquels John Baldessari, Wade Guyton, Wolfgang Laib et Douglas Gordon.
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Paris Danube Print Salon, du 20 au 23 novembre 2025, Hôtel du Danude, 58 rue Jacob, 75006 Paris.
