Hommage à Mansa Musa, « le roi des rois » de l’Empire du Mali au XIVe siècle, MansA (issu du latin mansio signifiant « maison ») évoque également la couronne emblématique de Jean-Michel Basquiat. C’est ce nom illustre qu’a choisi la Maison des Mondes Africains, institution « dédiée à la promotion, la transmission et la valorisation des cultures contemporaines africaines et afro-diasporiques », telle qu’elle se revendique, pour porter une programmation hors les murs depuis novembre 2024 aux côtés d’institutions culturelles partenaires.
Elle s’installe désormais dans ses propres murs. Inauguré ce 3 octobre, l’espace de 800 m2 repartis sur trois étages dans un ancien atelier de confection pour des maisons de couture, à proximité́ du métro Goncourt, dans le 10e arrondissement, ajoute sur la carte de Paris une proposition inédite consacrée au rayonnement culturel du continent africain et de ses diasporas. Cette phase inaugurale, d’une durée de deux ans avant de trouver une maison définitive, « permet de tester ses usages, d’expérimenter des manières d’habiter l’espace, et de déployer une programmation culturelle ».
Ce projet s’inscrit dans le prolongement du discours prononcé à Ouagadougou en 2017 par Emmanuel Macron, qui avait appelé de ses vœux un renouvellement profond des relations culturelles entre la France et l’Afrique. Il vise à offrir un lieu de dialogue et de visibilité aux créateurs, à accompagner la restitution et la circulation des patrimoines, et à favoriser une meilleure reconnaissance des diasporas dans le paysage culturel français. Plus largement, la Maison des Mondes Africains entend contribuer à redessiner les liens entre l’Afrique, l’Europe et le reste du monde, dans une dynamique à la fois artistique, scientifique et politique.
« Depuis plusieurs années, une génération, à la croisée des continents et des cultures, a pris la parole et sa voix ne fait que s’amplifier, explique Élisabeth Gomis, directrice générale de MansA. Afrodescendante, connectée, maniant plusieurs langues, cette génération mille-feuilles transforme en profondeur notre rapport au monde et nous n’en voyons encore que les contours. Cette génération trace un sillon dans les arts, en se réappropriant les canons esthétiques, les savoirs en déjouant le cadre de la pensée, la création en fabriquant sa pop culture avec ses codes, son langage et ses propres mythologies. [...] Notre maison, MansA, se veut un catalyseur, un espace où les langues circulent, où les disciplines se croisent, où les héritages se réinventent. Enfin un lieu sans visa pour créer du commun dans un monde fragmenté. Alors avec exigence, fierté et audace, MansA accompagne celles et ceux qui pensent, créent, expérimentent et relient, non pas pour combler un manque, mais pour célébrer une richesse. »
Lieu de rencontre d’artistes, penseurs, chercheurs et activistes, MansA se veut un laboratoire vivant explorant les liens entre esthétique, politique et mémoire. Pour cette première année de programmation, le mot d’ordre est « Fédérer, Célébrer, Affirmer ».
Roxane Mbanga inaugure le nouvel espace avec l’exposition « Noires », du 4 au 26 octobre. Artiste interdisciplinaire, autrice et réalisatrice, elle construit depuis 2022 un projet itinérant qui tisse les récits de ses héritages guadeloupéen, camerounais et ivoirien, ainsi que les histoires collectées lors de ses voyages en Afrique et dans la Caraïbe. Suivront les expositions « Africa is the future » de Nicolas Premier (France/Congo) et « Why cabral matters? » d’Angela Coutinho (Cap-Vert), Paula Nascimento (Angola) et Nú Barreto (Guinée-Bissau).
« En résonance », rendez-vous bimestriel, proposera des lectures, performances et conversations autour des identités afrodescendantes, de l’héritage et de la mémoire. Seront invités Douce Dibondo, Olivier Marboeuf, Nadia Yala Kisukidi, Diaty Diallo…
« Reboot » invitera à décoloniser le jeu vidéo à travers performances, lectures, discussions ou créations in situ d’artistes et collectifs afro-diasporiques.
Les projections de films dans le cadre de « CinéMansA » seront suivies de rencontres avec cinéastes, chercheurs et critiques. À l’affiche cette saison : Burning an Illusion (1981), Freda (2022), Perfect Images (1981), Grey Area (1982), A Deusa Negra (1978), une rétrospective Samuel Suffren, Elsie Haas (1985), Zatrap (1978).
La musique ne sera pas en reste avec des focus sur le Highlife (Ghana), le rock sahélien, le Soukouss (Congo), le Makossa (Cameroun), le Raï, les musiques caribéennes (Guadeloupe/Martinique)… Mélissa Laveaux (Canada/Haïti) et Nyokabi Kariuki (Kenya) partageront des « Veillées sonores ».
La programmation complète et informations pratiques sont disponibles ici.
