Victor Hugo l’aurait-il imaginé ? Microsoft va le faire. Le monument le plus visité de France (et d’Europe), rouvert après le colossal chantier de reconstruction engagé à la suite de l’incendie qui l’a dévasté en 2019, va avoir sa réplique numérique, à l’instar de la basilique Saint-Pierre à Rome ou du Mont-Saint-Michel.
À défaut d’être une première, le projet annoncé par le géant de la tech devrait permettre à terme à un nombre illimité de visiteurs de découvrir la cathédrale Notre-Dame de Paris sans bouger de chez soi.
Brad Smith, le président du groupe informatique Microsoft, a annoncé ce 21 juillet le lancement du nouveau chantier. Porté par le département IA for Good de sa société, en partenariat avec la start-up française Iconem, ce projet d’avatar du monument religieux, en plus d’offrir une visite online, ambitionne de proposer aux historiens de l’art et restaurateurs un outil supplémentaire pour la préservation de ce patrimoine unique.
« Cette opération prendra au minimum un an de travail et coûtera probablement plusieurs millions de dollars », précise Brad Smith à l’hebdomadaire Le Point.
Microsoft s’est engagé depuis plusieurs années dans une vaste démarche de numérisation du patrimoine européen en vue de rendre accessibles les collections d’institutions, notamment en France : plans-reliefs du musée des Invalides, objets du musée des Arts décoratifs de Paris, ou prochainement les maquettes de décors de l’Opéra de Paris, conservées à la Bibliothèque nationale de France, en partenariat avec le ministère de la Culture.
Derrière la philanthropie, les enjeux sont à la fois culturels, technologiques et économiques. Il s’agit d’entraîner les modèles d’intelligence artificielle au traitement des œuvres d’art mais aussi de diversifier les données d’apprentissage au-delà d’Internet. Microsoft se positionne dans un univers dominé par l’anglais, langue maternelle de seulement 5 % de la population mondiale mais majoritaire sur le Web. « Notre objectif est de garantir que l’identité et la diversité culturelles soient non seulement préservées, mais aussi rendues plus inclusives et accessibles à l’ère numérique », assure Brad Smith.
Dans cette logique, l’entreprise multiplie les initiatives pour enrichir son stock de données multilingues. En ligne de mire, le marché de la traduction en perfectionnant des outils adaptés aux langues européennes et idiomes régionaux, aujourd’hui sous-représentés.
