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Musées et institutions
Reportage

Le nouveau musée égyptien du Caire : une ambition pharaonique

Voisin des pyramides de Gizeh, le Grand Egyptian Museum, vitrine d’un pays soucieux de clamer la grandeur de son passé, s'apprête à inaugurer ses salles en grande pompe.

Bérénice Geoffroy-Schneiter
10 juillet 2025
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Le colosse de Ramsès II, dans l’atrium du Grand Egyptian Museum, Le Caire. Photo Bérénice Geoffroy-Schneiter

Le colosse de Ramsès II, dans l’atrium du Grand Egyptian Museum, Le Caire. Photo Bérénice Geoffroy-Schneiter

Les chiffres ont de quoi donner le vertige : une surface de terrain de près de 50 hectares, une structure pesant 1,5 million de tonnes, 320 000 m³ de béton utilisés, 130 000 œuvres exposées, plus de 20 années de chantier ayant nécessité le recours de quelque 5 000 ouvriers, un coût total évalué à 1,1 milliard d’euros, soit le double du coût initialement prévu... C’est non sans une certaine excitation que l’on s’apprête à découvrir le Grand Egyptian Museum, ou GEM, comme l’appellent par commodité les habitants du Caire pour le distinguer du vieux musée de la place Tahrir, inauguré en 1902, et dont la scénographie est encore imprégnée de la vision de l’époque...

« Ce musée est le plus grand au monde. Sa surface est deux fois supérieure à celle du Louvre [à Paris], deux fois et demie celle du British Museum [à Londres], mais, à la différence de ces prestigieuses institutions, le GEM est entièrement consacré à une seule culture : la civilisation égyptienne », nous déclare avec une pointe de fierté le professeur Ahmed Ghoneim, son directeur. Tout, en effet, contribue à exalter la singularité et la richesse de ce passé multimillénaire : un bâtiment suffisamment imposant pour s’inscrire à merveille au cœur du plateau de Gizeh, loin du brouhaha de la ville moderne ; une scénographie ménageant des effets grandioses, tel l’escalier monumental invitant le public à accomplir une ascension quasi mystique vers les trois pyramides ; un déploiement d’œuvres colossales, comme les statues de pharaon ou les éléments d’architecture exposés à l’air libre, sans le filtre habituel des vitrines.

La façade du Grand Egyptian Museum, Le Caire. Photo Bérénice Geoffroy-Schneiter

Un édifice intégré dans son environnement

« Davantage qu’un musée de site, c’est un musée inscrit dans un site ; il est indissociable de son environnement. Les trois pyramides du plateau de Gizeh font partie intégrante de ses collections », résume Eissa Zidan, le directeur de la conservation au GEM. Point de hasard si le projet de l’Irlandaise Róisín Heneghan, cofondatrice du cabinet Heneghan Peng Architects, a recueilli tous les suffrages, tant il décline tout le vocabulaire de l’architecture égyptienne avec ses modules en forme de pyramidion et de pyramide. « Des différents endroits du musée, vous avez une vue panoramique des pyramides, et cela vous rappelle constamment l’endroit où tout cela s’est passé », a confié l’architecte à l’Agence France-Presse. Afin de ne pas détruire l’harmonie du plateau, le bâtiment a été édifié 50 mètres en contrebas. D’une esthétique radicale avec sa façade de 40 mètres de hauteur rythmée par un jeu de triangles emboîtés ou inversés, il n’en joue pas moins avec la transparence et la lumière afin de rappeler le lien essentiel qui unissait la civilisation pharaonique avec Râ, le dieu du Soleil.

L’entrée se fait par un vaste atrium strié de faisceaux de lumière naturelle et ponctué de bassins. Mais c’est l’imposant colosse de granit de Ramsès II qui happe immédiatement le regard, du haut de ses 11 mètres ! Exposée depuis 1954 sur la place de la gare du Caire, c’est l’une des premières sculptures à avoir été transférée vers le chantier du Grand Egyptian Museum, dans la nuit – pour éviter les embouteillages – du 25 août 2006 ! « C’est en quelque sorte l’ambassadeur du GEM, son protecteur », résume Eissa Zidan.

Le public est ensuite invité à gravir les marches de l’escalier monumental, véritable signature d’une scénographie aux allures de péplum ! Ceux que cet effort physique rebuterait peuvent emprunter l’escalator qui offre, en outre, des vues plongeantes sur les collections. « Le GEM est la première institution muséale égyptienne à être accessible aux personnes handicapées. Nous n’avons pas non plus oublié les enfants, qui disposent d’un musée conçu spécifiquement pour eux », se flatte le directeur de la conservation.

La tête colossale du pharaon Akhenaton, XVIIIe dynastie. Photo Bérénice Geoffroy-Schneiter

Une muséographie spectaculaire
Scandé des pièces maîtresses qui faisaient déjà l’orgueil du musée de la place Tahrir (dont la tête colossale du pharaon hérétique Akhénaton de la XVIIIe dynastie, reconnaissable à son menton prognathe), le parcours assume pleinement sa vocation d’initiation pédagogique aux fondamentaux de la civilisation égyptienne : la figure du pharaon, le lien avec le divin, le concept d’éternité, qui culmine avec la vision panoramique des trois pyramides, dont les silhouettes, presque irréelles, surgissent brusquement en haut des marches. Le frisson est garanti !

S’il s’adresse résolument au public le plus large, le musée devrait combler également les spécialistes, lesquels, à travers les douze galeries thématiques, découvriront des ensembles d’une qualité exceptionnelle, comme le mobilier funéraire de la reine Hétep-Hérès, la mère du pharaon Khéops, exposé dans sa totalité pour la première fois. Embrassant un vaste spectre chronologique allant de 700 000 avant notre ère à la période gréco-romaine, le circuit n’oublie pas non plus de mettre en lumière les souverains de la période ptolémaïque et leur art hybride qui fit fusionner les deux plus grandes civilisations de l’Antiquité.

Mais le clou de ce parcours demeure, incontestablement, la présentation des quelque 5 500 pièces appartenant au trésor de Toutankhamon, lesquelles quittent définitivement les vitrines poussiéreuses du musée de la place Tahrir pour se déployer en majesté dans cinq salles d’une superficie de 7 000 m². « Parmi les pièces exposées pour la première fois figurent les momies des deux filles du pharaon, décédées prématurément. Cela apporte un éclairage dramatique sur la vie de ce souverain, mort jeune et sans descendance », souligne Eissa Zidan. Ayant bénéficié d’une minutieuse et longue campagne de restauration, la barque funéraire du pharaon Khéops témoigne, quant à elle, des aspirations scientifiques du GEM, qui s’est doté de dix-huit laboratoires entièrement dédiés à la conservation et à l’étude de ses collections.

Espérant attirer 5 millions de visiteurs par an, le musée se veut ainsi « une formidable vitrine pour mettre en valeur le potentiel historique et touristique de l’Égypte », selon les mots d’Ahmed Ghoneim. Il ne faudrait pas pour autant condamner à l’oubli le vénérable musée fondé par Auguste Mariette, dont l’histoire et les collections appartiennent aux grandes heures de l’égyptologie.

Musées et institutionsGrand Musée égyptien du CaireÉgypteAhmed GhoneimEissa Zidan
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