Depuis plus de vingt-cinq ans, la Fondation Pernod Ricard apporte son soutien aux artistes au sein de ses espaces parisiens successifs : l’espace Paul Ricard sur les Champs-Élysées, puis rue Boissy d’Anglas, et aujourd’hui au cœur du quartier Saint-Lazare. « La Fondation Pernod Ricard fut l’une des premières en France à faire appel à des commissaires d’exposition indépendants, en invitant des voix multiples à penser l’exposition non comme une fin, mais comme un moment du dialogue, rappelle Antonia Scintilla, sa directrice. Elle a mis en place le premier prix dédié à l’art contemporain en France, fondé sur un partenariat inédit entre le secteur privé et le secteur public, en collaboration avec le Centre Pompidou – un dispositif qui s’est avéré déterminant dans le parcours de nombreux artistes, en leur offrant l’opportunité d’entrer dans les collections du musée national d’Art moderne. »
Parmi les lauréats de ce prix ont notamment figuré Didier Marcel (1999), Tatiana Trouvé (2001), Loris Gréaud (2005), Raphaël Zarka (2008), Katinka Bock (2012), Lili Reynaud-Dewar (2013), Clément Cogitore (2016), Liv Schulman (2018) ou Eden Tinto Collins (2023). Ce 1er juillet, les œuvres des lauréats en 2024 du 25ᵉ Prix Fondation Pernod Ricard (Clémentine Adou, Madison Bycroft, HaYoung, Charlotte Houette, Lenio Kaklea, Paul Maheke, Mona Varichon) seront présentées au Cinéma 1 du Centre Pompidou, à partir de 19 heures. Une soirée célébrera ensuite leur entrée dans les collections. Cette édition a été la dernière sous cette forme.
Cette année, la Fondation fait en effet évoluer son prix, qui devient le Nouveau Programme. « Face à un monde de l’art en constante accélération, nous affirmons la nécessité d’un changement de perspective – celle d’une coopération active, attentive, durable, poursuit Antonia Scintilla. Ce nouveau format entend répondre aux enjeux actuels qui lient artistes et institutions, et qui me tiennent particulièrement à cœur. Il emprunte un chemin de traverse essentiel : accompagner les artistes à un moment charnière de leur parcours, réinterroger la notion d’émergence, construire un soutien sur mesure et ouvrir des perspectives allant bien au-delà d’une simple exposition. »
Et de conclure : « En encourageant le dialogue et en faisant émerger des résonances avec d’autres scènes, nous aspirons à construire une communauté artistique vivante et ouverte. C’est dans cet esprit que la Fondation Pernod Ricard aborde cette nouvelle saison, avec la volonté réaffirmée d’être un lieu où l’on pense, où l’on fait, où l’on rêve aussi. Un lieu poreux au monde, à ses turbulences, à ses espoirs. Un lieu où la création contemporaine peut prendre corps, dans toute sa diversité et sa vitalité. »
Commissaire invitée pour cette première édition de la nouvelle formule, Liberty Adrien, critique d’art et co-directrice de Portikus à Francfort, récemment nommée curatrice et directrice du département curatorial au KW Institute for Contemporary Art à Berlin, réunira dans les espaces de la Fondation Pernod Ricard, du 16 septembre au 31 octobre, les œuvres de Saodat Ismailova, Alexandre Khondji et Hélène Yamba-Guimbi, avec pour objectif d’ « offrir une visibilité à leurs démarches tout en les accompagnant dans le cadre d’une présentation institutionnelle ».
« Le titre de l’exposition, "Sorry Sun", évoque une lumière ambivalente – entre chaleur et brûlure, clarté et obscurité, éblouissement et fatigue, écrit la commissaire. C’est dans cet interstice que l’exposition prend corps. Les œuvres présentées tracent les contours d’une cartographie sensible du désajustement, laissant affleurer les fractures du présent : l’érosion des cadres et des idéaux sociaux, le désenchantement face aux promesses d’un progrès technologique devenu incertain, et l’intensification de l’urgence écologique. En creux, elles révèlent aussi les persistances de croyances, de récits et de rituels populaires – fragments de mémoire à la fois personnelle et collective, et formes discrètes de résistance narrative. Le soleil devient ici la figure d’un basculement – celui d’un monde où les certitudes vacillent, à la lisière du familier et de l’insaisissable, de l’explicite et de l’ambigu. Dans l’espace d’exposition, la lumière agit comme un fil conducteur, à la fois présence sensible et principe de narration. Elle guide le regard du spectateur, glissant subtilement d’une clarté naturelle à une lumière fabriquée, révélant tour à tour les œuvres selon leur propre logique d’apparition. »
L’installation d’Alexandre Khondji, née d’une recherche in situ, entrera en résonance avec l’architecture de la fondation. Des sculptures d’Hélène Yamba-Guimbi émane une lumière diffuse et fragmentaire. Le film de Saodat Ismailova, quant à lui, fait affleurer les strates de l’histoire de l’Asie centrale, prolongeant cette dramaturgie.
Ce regard curatorial est complété par un accompagnement critique et matériel. Les trois artistes reçoivent une rémunération individuelle de 3 000 euros. Outre l’exposition collective, avec un temps fort autour d’un programme associé pendant la semaine d'Art Basel Paris, un catalogue sera publié, comprenant un texte inédit sur le travail de chaque artiste.
Toujours dans cette logique d’accompagnement, ce Nouveau Programme soutient un projet spécifique (production, exposition ou résidence) en partenariat avec des institutions en France ou à l’étranger. Chaque artiste bénéficiera à ce titre d’une dotation de 10 000 euros pour la réalisation du projet, ainsi que de 5 000 euros d’honoraires. Le partenariat avec le Centre Pompidou/MNAM se poursuit : grâce à une donation de la Fondation, les œuvres des trois artistes intégreront les collections nationales.
--
« Sorry Sun », du 16 septembre au 31 octobre 2025, Fondation d’entreprise Pernod Ricard, 1 cours Paul Ricard, 75008 Paris