Il y a peu, les amateurs des arts d’Asie ne juraient que par les galeries de Londres ou de New York. Force est de constater que le Printemps Asiatique Paris est devenu au fil des ans le rendez-vous incontournable des collectionneurs de cette spécialité encore épargnée, semble-t-il, par les soubresauts du marché. Embrassant un large spectre qui va de la statuaire bouddhique classique à la vannerie japonaise contemporaine, en passant par les arts anciens de l’Inde, du Népal et du Tibet, cette huitième édition s’annonce particulièrement féconde en chocs esthétiques.
« En 2025, nous accueillons une douzaine d’enseignes supplémentaires, parmi lesquelles un nombre significatif de marchands étrangers visiblement séduits par la formule. Nous avons par ailleurs ouvert le bureau et la bibliothèque de ce lieu mythique qu’est La Pagode, rue de Courcelles [dans le 8e arrondissement de Paris], des espaces que le public découvrira pour la première fois », se réjouit Christophe Hioco, le président du Salon.
C’est dans cet écrin prestigieux que le visiteur peut ainsi admirer un florilège de chefs-d’œuvre, telle une boîte pour pierre à encre japonaise (suzuribako) datant de la première moitié du XVIIIe siècle (galerie Cristina Ortega & Michel Dermigny, Paris), un somptueux collier composé de douze fleurs en or serties de diamants et de rubis selon la technique kundan et reliées par cinq rangs de perles (Ollemans Oriental Art, Londres), ou encore un remarquable ensemble de sculptures bouddhiques originaires de Thaïlande sélectionnées par la galerie Jacques Barrère (Paris). Pour cette 8e édition réunissant 64 participants, l’art contemporain japonais opère également une percée significative, comme en témoignent l’œuvre monumentale réalisée sur papier en 2024 par l’artiste de l’école Rinpa Takehiko Sugawara (galerie Taménaga, Tokyo, Paris, Osaka, Kyoto) ou les céramiques de Yui Tsujimura et Kino Satoshi présentées par la galerie Hioco (Paris). De son côté, le Parisien Jean-François Cazeau a choisi de mettre à l’honneur les travaux sur encre de trois grands maîtres de la peinture chinoise du XXe siècle : T’ang Haywen, Zao Wou-Ki et Chu Teh-Chun.
UNE SAISON HORS LES MURS
Le Printemps Asiatique ne saurait cependant se résumer à ce lieu, aussi séduisant soit-il, qu’est La Pagode. On peut également porter ses pas vers le 4e arrondissement, à la galerie Jean-François Charbonnier, pour découvrir les armures de daimyos (seigneurs) japonais, ou vers le 6e arrondissement, pour admirer chez Frédéric Rond un ensemble de masques himalayens.
Distillant ce parfum d’Asie à Paris, salles de ventes et institutions participent à leur façon à la manifestation, en proposant des événements de haute volée. Par exemple, le 7 juin, le musée national des Arts asiatiques–Guimet accueille le colloque international sur les bronzes khmers du Cambodge, tandis que le musée du quai Branly – Jacques Chirac invite à rêver devant les tuniques et saris de l’exposition « Au fil de l’or » jusqu’au 6 juillet 2025. Au fil de l’Asie…
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Printemps Asiatique Paris, 5-14 juin 2025, La Pagode, 48, rue de Courcelles, 75008 Paris, et diverses galeries.