L’artiste belge David Claerbout semble hanté par le caractère insaisissable du temps. S’appropriant les outils des arts numériques, il donne corps à l’expérience de la durée, dans un dialogue entre image et mouvement. Dans la vidéo Boom (1996), il construit une image où le mouvement est réduit à son expression minimale : un arbre apparemment statique, dont les légères vibrations des branches sous l’effet du vent deviennent les seuls marqueurs perceptibles du temps qui s’écoule. Ainsi, le spectateur est convié à contempler « le printemps, lentement », pour reprendre le titre de l’exposition. Cependant, le terme de « lenteur » ne semble pas tout à fait convenir à David Claerbout lui-même. L’artiste conçoit cette durée comme un « facteur de corrosion de la position autoritaire du narrateur, qui cherche à “diriger” le regard », et non comme une simple lenteur. En laissant le temps « filtrer » à travers l’image, David Claerbout ouvre un espace de contemplation, libérant le regard de toute injonction narrative.
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« Le Printemps, lentement », 12 mars-9 juin 2025, musée de l’Orangerie, jardin des Tuileries, place de la Concorde (côté Seine), 75001 Paris, musee-orangerie.fr
