Alors que Donald Trump a franchi le 29 avril 2025 le cap des cent premiers jours depuis son retour à la Maison Blanche, l’impact de son deuxième mandat se fait déjà radicalement sentir dans de nombreux domaines, de la politique étrangère des États-Unis au commerce international, mais aussi dans le champ de la culture. Ses annonces fracassantes concernant une hausse inédite des droits de douane, même si l’application de ces mesures a été suspendue pour 90 jours le temps de renégocier des accords commerciaux bilatéraux, ont plongé collectionneurs, marchands, avocats et maisons de ventes dans la tourmente. Il n’est toujours pas confirmé si les œuvres d’art, les objets d’art décoratif et les antiquités seront exemptés de ces nouveaux tarifs douaniers. Selon nos journalistes basés aux États-Unis, des ventes ont été annulées ou reportées, des foires d’art sont menacées et de nombreux professionnels hésitent à conclure des transactions pendant cette période floue. Au Canada, plusieurs collectionneurs ont annulé des achats d’œuvres américaines à cause de la surtaxe de 25 %. À Mexico, la confusion règne également dans les galeries.
Dans le domaine de la politique intérieure, la culture est directement impactée par la volonté de Donald Trump de démanteler une bonne partie des agences fédérales. Le président américain vient de réaffirmer sa volonté de supprimer les financements du National Endowment for the Arts (NEA) – la principale agence fédérale de soutien aux arts aux États-Unis. Selon Mary Anne Carter, directrice du NEA par intérim, l’agence va certainement devoir procéder à des réductions importantes d’effectifs. Près de la moitié des 140 salariés pourraient quitter l’organisme via des départs volontaires ou des retraites anticipées après l’audit mené par des représentants de l’agence gouvernementale Doge (Department of Government Efficiency). Le NEA a cependant poursuivi en avril son cycle habituel d’attribution de subventions, mais l’absence de personnel suffisant pourrait empêcher la mise en œuvre effective de ces aides. Ces décisions sont dramatiques parce que 25 % des comtés américains bénéficient de financements culturels uniquement grâce au NEA, et non à la philanthropie privée. Au-delà de cet aspect financier, ce sont aussi les critères des aides accordées qui sont en train d’être totalement réorientés. L’agence a ainsi dû modifier ses dispositifs d’attribution pour 2026 à la suite de l’avalanche de décrets présidentiels pris récemment par Donald Trump, dont l’un vise à mettre fin aux politiques de diversité, d’équité et d’inclusion dans les organismes financés par l’État fédéral. Ainsi, comme le pointe notre collaboratrice américaine Helen Stoilas, la NEA a supprimé sa bourse Challenge America de 10 000 dollars, qui soutenait des projets dans des structures locales s’adressant aux publics éloignés de l’offre culturelle. Désormais, les candidats sont incités à proposer des projets célébrant le patrimoine artistique américain à l’occasion du 250e anniversaire des États-Unis en 2026. La semaine dernière, la NEA a aussi publié de nouvelles directives concernant l’interdiction de promouvoir « l’idéologie de genre ». Là aussi, un changement drastique d’époque.