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L'actualité des galeries
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« Bouvard et Pécuchet », tour Burj Khalifa et Sainte Vierge

Patrick Javault
4 avril 2025
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Vue de l’exposition « Ana Jotta : beaucoup, peu, rien », chez Marian Goodman, Paris. Courtesy Marian Goodman. Photo : Rebecca Fanuele

Vue de l’exposition « Ana Jotta : beaucoup, peu, rien », chez Marian Goodman, Paris. Courtesy Marian Goodman. Photo : Rebecca Fanuele

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Ana Jotta : beaucoup, peu, rien

Les expositions d’Ana Jotta tiennent du journal et du monologue intérieur. On y trouve des emprunts et des citations de grands artistes ou écrivains aussi bien que des bouts de papiers ramassés ici et là. Dans « beaucoup, peu, rien », c’est à gauche en entrant, dans un renfoncement du mur, qu’ont été rassemblés quelques papiers-souvenirs, des autoportraits, un grand « moi » découpé quelque part. Dans ce même renfoncement a été dessinée sur le mur une image de maison sous l’orage et, en dessous, une longue citation de Bouvard et Pécuchet à propos de la critique. Jotta se lance cette fois à l’aventure avec un parti pris radical. Les murs de la galerie ont été peints couleur sable jusqu’à deux mètres de hauteur environ. Sur ces murs, l’artiste a reporté des dessins, accroché quelques images, et écrit des citations, dont une longue à propos de la main. À l’exception d’une petite sculpture sur socle, la bien nommée Lady Bug, Ana Jotta a voulu faire le vide et s’emparer des murs. Elle joue sur de longs intervalles, reliant entre elles des images par un mince cordon, faisant se promener des souris sur la bordure haute, ou faisant travailler des fourmis tout en bas, ou mettant au coin des ânes en costume. Elle effeuille à sa façon la marguerite avec deux longues fleurs peintes sur des colonnes. C’est l’occasion de s’interroger sur l’amour que l’on vous porte et sur l’éternité. Ana Jotta nous fait part de ses réflexions et de ses sentiments par des notes et des emprunts à des livres pour enfants. On en retient une, extraite de Max und Moritz, qui montre un coq et trois poules pendus à une branche, ces dernières lâchant un dernier œuf avant de mourir. En commentaire : « It is what it is ».

Du 21 mars au 10 mai 2025, Marian Goodman, 66, rue du Temple, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Neïl Beloufa : Re : Remotely Speaking » chez Mennour, Paris.

© Neïl Beloufa, Adagp, Paris, 2025. Photo : Archives Mennour. Courtesy the artist and Mennour, Paris

Neïl Beloufa : Re : Remotely Speaking

Une exposition de Neïl Beloufa est toujours hors-norme, compliquée dans son élaboration, interactive et foisonnante. Sur un très large écran disposé perpendiculairement à l’entrée, et qui divise en deux le premier espace de la galerie, sont projetées en parallèle des interviews de soldats réalisées à travers les réseaux sociaux, et des clips promotionnels de fausses start-up présentées par leurs créateurs, l’un d’eux étant l’artiste lui-même. Des bornes ont été mises en place pour permettre au visiteur de construire son profil et de s’incarner sur l’autre face de l’écran en héros entrepreneurial. Afin d’affiner son profil, le visiteur devenu joueur pourra choisir l’objet qu’il préfère parmi ceux, factices, qui lui sont proposés dans la pièce suivante. Le choix s’étend de rouleaux de papier hygiénique à une maquette de la tour Burj Khalifa [à Dubaï]. En fonction de leur succès public, les ersatz artistiques verront leur valeur augmenter. C’est « The Store » de Claes Oldenburg revu au filtre de l’algorithme. L’art sert ici de miroir aux mécanismes de ciblage de la consommation. Dans ce jeu de participation élargie, les interviews de soldats, montrées une première fois en 2019, apportent leur grain d’inquiétude. Complétant cette vision d’un monde ultra-communicant, Neïl Beloufa présente des bas-reliefs en cuir coloré montrant des individus devant des smartphones ou des écrans d’ordinateurs, dont la lumière sert d’éclairage aux salles d’exposition.

Du 1er avril au 28 mai 2025, Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris

Vue de l’exposition « Angélique Aubrit & Ludovic Beillard : Vermine », chez Valeria Cetraro, Paris. Courtesy de l’artiste et Galerie Valeria Cetraro

Angélique Aubrit & Ludovic Beillard : Vermine

Angélique Aubrit et Ludovic Beillard collaborent depuis une dizaine d’années. Elle, pour les sculptures, lui, pour la partie sonore, développent ensemble une forme de théâtre d’exposition. « Vermine » réunit quatre groupes de bustes sculptés sur des panneaux horizontaux. Ces figures évoquent un artisanat populaire avec des lignes bien visibles tracées dans le bois, des faux cheveux et des vêtements. À ces groupes en bois de figures humaines, s’ajoutent un autre groupe de bustes de poupées en tissus et une poupée en tissu solitaire en pied sur un panneau horizontal. Ces poupées sont des chiens en imperméable, avec un je-ne-sais-quoi d’humain. Elles sont vaguement inquiétantes avec leurs impers noirs, leurs colliers, la couture noire sur la bouche de l’une d’elles ou sur la poitrine d’une autre. À chacun des groupes est associé un dialogue enregistré, un monologue pour la figure isolée. Les récits s’enchaînent et dirigent notre attention sur tel ou tel. Des sujets graves affleurent : prison, prostitution, drogue, sur un mode abstrait plutôt qu’absurde. Les voix que l’on entend ont un ton neutre, mais sont capables de manifester du désarroi, voire de l’affolement. Malgré la distance, malgré le caractère flou des situations, elles transmettent une réelle émotion. Pour les accompagner dans leur cauchemar éveillé, un étrange objet placé dans le bureau diffuse à intervalles réguliers un message annonçant le menu du petit-déjeuner et le programme de la journée. On n’est pas mieux servis.

Du 22 mars au 26 avril 2025, Valeria Cetraro, 16, rue Caffarelli, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Jp Mika : Mongongo ya Bozalisi. La voix de la nature » chez Magnin-A, Paris. Courtesy Magnin-A. Photo : © Gregory Copitet

Jp Mika : Mongongo ya Bozalisi. La voix de la nature

Jp Mika se veut peintre du bonheur et les tableaux dans lesquels il se montre, souvent avec un éclatant sourire, débordent d’animaux de toutes sortes. C’est un monde paradisiaque, peint avec une précision hyperréaliste, et le message de la Sainte Vierge vient parfois s’y glisser par l’intermédiaire des boubous. Le dialogue avec la peinture, la photographie et les arts décoratifs est cependant plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Figure par exemple ce portrait de famille, exceptionnellement peu coloré. Les objets, le mobilier et la soupière sur la tête de la femme, la lampe torche sur la tête de l’homme, visent à le situer dans les années 1960, 1970, en soulignant la présence d’un colonialisme pas tout à fait passé. La femme, vêtue d’une robe à gros pois, est peinte en noir et blanc et semble tout droit sortie d’une photo de Seydou Keïta. La tapisserie murale est un genre de toile de Jouy à motifs de savane. Cette vision d’histoire, qui est un hommage aux aînés, souligne à quel point le décoratif est un enjeu d’importance. La présence de tissus imprimés, les références à l’élégance des sapeurs sont une constante chez Jp Mika. Par ailleurs, quand il fait entrer la pollution et les éoliennes dans l’univers des oiseaux migrateurs, la plainte a la forme d’une grande composition décorative conforme à la vocation de l’artiste. Enfin, dans un autre tableau, la grimace que fait l’une des figures devant une présence invasive de pandas est signe que l’artiste est loin d’être indifférent aux questions géopolitiques.

Du 22 mars au 24 mai 2025, Magnin-A, 118 boulevard Richard-Lenoir, 75011 Paris

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