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Fleurs, bidons en fer-blanc et astro-culture

Patrick Javault
4 juillet 2025
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Vue de l’exposition « Steve McQueen : Bounty » chez Marian Goodman, Paris. Courtesy de l’artiste et de Marian Goodman. Photo Rebecca Fanuele

Vue de l’exposition « Steve McQueen : Bounty » chez Marian Goodman, Paris. Courtesy de l’artiste et de Marian Goodman. Photo Rebecca Fanuele

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Steve McQueen : Bounty

Bounty est un ensemble de 47 photographies que Steve McQueen expose simultanément à la Dia Chelsea et à Paris. 47 photographies de fleurs de l’île de la Grenade, encadrées avec une marie-louise et présentées sur une seule ligne, sur des murs couleur terre-de-Sienne. Le cadrage est à peu près identique, parfois c’est le format vertical qui s’impose plutôt que l’horizontal. Steve McQueen a déjà tourné deux de ses films sur l’île de la Grenade, d’où sont originaires ses deux parents. Avec la photographie, il dresse un portrait de l’île, une vision rapprochée d’un paradis qui masque l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. McQueen voit ces fleurs comme « des blessures dans la chair, de la douleur, de la souffrance ». Cette réflexion et ce sentiment face aux beautés de l’île, l’artiste nous les fait partager en réclamant de nous toute notre attention. La couleur des murs, elle aussi porteuse d’histoire, confère à l’ensemble une solennité et une intensité particulières. Comme à la Dia, Steve McQueen montre dans l’exposition le film Exodus, l’une de ses premières œuvres. Tourné en 16 mm, il montre deux Caribéens se promenant dans les rues de Londres, chacun tenant dans sa main une longue plante exotique. La présentation sur un moniteur de ce film, presque un classique, témoigne de la persistance de l’artiste dans ses questionnements. Pour Paris, Steve McQueen a produit une nouvelle pièce sonore [son exposition actuelle, « Bass », près de Bâle, joue sur le son, la lumière et la couleur]. Dans la petite salle du sous-sol, sous un faible éclairage, on entend une dizaine de minutes de respiration haletante, et de coups donnés dans un sac de boxe. Une histoire sans parole où perce un sentiment de rage et d’impuissance mêlées.

Du 24 mai au 25 juillet 2025, Marian Goodman, 79 & 66 rue du Temple, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Adriano Costa : Sweet » chez Mendes Wood DM Paris. Courtesy de l’artiste et de Mendes Wood DM. Photo Nicolas Brasseur

Adriano Costa : Sweet

Adriano Costa a lancé un nombre impressionnant de pièces à l’assaut des murs et des sols de la galerie. Sculptures, dessins, pièces en bronze peintes ou non, céramiques, peintures, généralement de format modeste, elles peuvent être haut perchées ou traîner au sol. Pas de règle en la matière, mais une façon de subvertir un accrochage classique pour en faire quelque chose d’extrêmement vivant et drôle souvent, en mixant l’art construit, l’art populaire et le magique. La pièce qui occupe le plus d’espace et que l’on pourrait qualifier d’installation est Be Sweet - Comment te dire adieu, un arrangement de cinq tiges en bronze imitant le bambou et suspendues à l’horizontale, à la verticale, en oblique. Plutôt qu’un mobile, c’est une invitation à la danse ou à la performance. Cela d’autant mieux que, dans la même salle, sont suspendues dans l’embrasure d’une fenêtre quatre plaques avec de larges pastilles noires inspirées d’instruments de percussion électroniques. Les titres que Costa donne à ses pièces sont autant d’occasions d’élargir la perspective et de rebondir dans d’autres sphères, avec un accent particulier sur la musique. Dans l’entrée, on voit quatre petits bidons en fer-blanc cabossés et portés chacun par quatre brindilles en guise de pattes. Juchés sur un socle, lui-même en équilibre, sur le radiateur circulaire de la galerie,Los Garotos de Liverpool semblent se débattre avec la gloire et les contradictions. Autre écho aux Beatles, on trouve au premier étage un petit soleil avec de très grands yeux, un peu dans le style de Wifredo Lam, intitulée Come Together, alors que l’on aurait attendu « Here comes the sun ».

Du 28 juin au 9 août 2025, Mendes Wood DM, 25 place des Vosges, 75004 Paris

Vue de l’exposition « Sue Williams » chez Skarstedt, Paris. © Sue Williams. Courtesy of the artist, 303 Gallery and Skarstedt, New York. Photos Thomas Lannes.

Sue Williams

Quand au début des années 1990, elle s’écarte d’une première veine, très politique avec laquelle elle démonte les violences familiales et la domination masculine, pour s’engager véritablement dans la peinture, Sue Williams a inventé une façon qui lui est propre de mettre en scène les débordements de la psyché. Chacun de ses tableaux mêle des dessins tracés d’un trait de pinceau dans une veine « cartoonesque » et des taches ou de petits blocs de couleur qui trouvent un arrangement avec eux ou bien vivent de leur vie propre. Sur de grandes toiles non préparées, ce sont toujours des accumulations de petites scènes, auxquelles s’adjoignent des membres et des organes géants et déformés par des effets de perspective ou par la liberté prise. Dans cette nouvelle série de peintures, on remarque une insistance particulière sur les pieds et les fessiers. C’est un désordre savamment organisé que l’artiste met patiemment en place à la façon d’un puzzle, mais c’est surtout la traduction d’une poursuite sans fin d’obsessions et de rêves que l’on n’arrive pas à fixer et dont il faut répéter les termes. Chaque œuvre de Sue Williams est comme une explication avec soi-même et avec la peinture américaine, le pop ou l’expressionnisme y ayant une présence fantomatique. Sur une grande composition, l’artiste a glissé deux mots d’un trait de pinceau et barré le premier en un repentir feint. On croit lire : « Barnyard party », et on s’abstiendra de demander : qui parle ?

Du 5 juin au 25 juillet 2025, Skarstedt, 2 Avenue Matignon, 75008 Paris

Vue de l’exposition « Paulina Peavy : Works 1930s - 1980s » chez Emmanuela Campoli. Courtesy of the Estate of Paulina Peavy and Emmanuela Campoli Paris/Milan. Photo Rebecca Fanuele

Paulina Peavy : Works 1930s - 1980s

Paulina Peavy (1901-1999) se voyait comme une émissaire appelée à manifester dans sa peinture des vérités enfouies dans la Bible et dans quelques-uns des grands textes de l’ésotérisme. En 1932, au cours d’une séance spirite, elle est visitée par un esprit nommé Lacmo, avec lequel elle ne cessera de communiquer jusqu’à sa mort. En Californie, où elle vivait, elle est demeurée à l’écart de la scène artistique, et ce n’est que depuis une dizaine d’années que son travail est découvert. Peignant d’abord de grandes figures d’initiés ou de mages aux regards hypnotiques, elle s’est ensuite rapprochée de l’abstraction à travers la représentation de formes cristallines et de prismes colorés. Elle s’approche alors d’un certain surréalisme américain, celui de Gordon Onslow Ford ou d’Enrico Donati. Comme pour corriger ses premières visions, elle a au cours des décennies retravaillé ses tableaux, les recouvrant en partie par un travail délicat et méticuleux. L’enseignement qu’elle délivre dans ses toiles vise notamment à un dépassement du genre mais dans une perspective très éloignée des courants féministes. Elle a également développé une connaissance par les astres qui en fait aujourd’hui une représentante phare de l’astro-culture. L’exposition nous renseigne sur ces différentes facettes. Paulina Peavy avait découvert que pour vivre plus intensément chaque entretien avec Lacmo, il lui fallait porter un masque qu’elle confectionnait elle-même. Quelques-uns d’entre eux, œuvre en soi, qu’elle ne portait qu’une fois, trouvent tout naturellement leur place aux côtés des peintures.

Commissaire : Vera Alemani. Du 7 juin au 19 juillet 2025, Emanuela Campoli, 4-6 rue de Braque, 75003 Paris

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