Photographies et art contemporain : la Collection Serge Aboukrat chez Piasa
En 2013, à Paris, la Maison européenne de la photographie (MEP) donne carte blanche au galeriste Serge Aboukrat et lui confie le commissariat de l’exposition « L'œil d’un collectionneur ». Celui-ci retrace alors l’histoire de la photographie, des clichés-verre à Philippe Halsman. « Il y a une dizaine d’années, je fis l’acquisition d’un lot photographique de Philippe Halsman, ensemble réduit de cet artiste, sorte de mini rétrospective : Atomicus, Skull, Jump et portraits “flottants” », confie Serge Aboukrat en préambule du catalogue de cette exposition. Le travail du photographe qui « développe la gaieté, la joie de vivre plutôt que la rancœur » le passionne immédiatement. Directeur général adjoint de la maison Piasa, Fabien Leibenson a bien connu le collectionneur, disparu l’an dernier. « Nous avions organisé une vente en 2016 de plus de 360 clichés de cet artiste phare de l’agence Magnum. Je suis très fier de présenter aujourd’hui la collection issue de sa succession, dans laquelle on pourra trouver, bien sûr, des clichés de Philippe Halsman », précise-t-il.
Parmi eux figurent deux tirages argentiques, Dali Skull et Marilyn Jumping provenant de portfolios édités en 1981 et numérotés à 250 exemplaires (est. 300 -400 euros).
Si la photographie compose l'essentiel de sa collection, l’art contemporain a tenu une place très importante dans la vie de Serge Aboukrat. De Bertrand Lavier dont il a édité (avec la galerie Jousse Entreprise) la série Le musée imaginaire de Walt Disney (2018, est. 600-800 euros pièce), à Yan Pei Ming (Invisible Man, 1990, acheté auprès de l’artiste, est. 15 000-20 000 euros) en passant par Martin Barré, figure de l’abstraction française (72-73-A , acrylique sur toile, est. 30 000-40 000 euros et 65-A, peinture et acrylique sur toile, est. 80 000-100 000 euros).
« Art Moderne et Contemporain. Succession Serge Aboukrat, l'âme d'un collectionneur. », mercredi 19 février 2025, Piasa, 118, rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris

Ecole des beaux-arts de l’Indochine. Paysage, vers 1929-1933, huile sur toile. Courtesy Aguttes
L’art moderne au Vietnam, la collection Jacques Lebas chez Aguttes
Professeur au lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon (actuelle Hô Chi Minh-Ville) puis au lycée Albert Sarraut de Hanoï, Jacques Lebas rencontre en 1929 Victor Tardieu, le directeur de l’École des beaux-arts de Hanoï – dont on a fêté les 100 ans en 2024. Les deux hommes, passionnés par l’art, son histoire et sa transmission, se lient très vite d’amitié. L’École des beaux-arts de l’Indochine fait figure d’exception dans l’empire colonial français. Elle témoigne de la fascination réciproque, et ce n’est pas si courant pendant la colonisation, qui s’exerce entre les cultures artistiques orientale et occidentale. Comme pour illustrer cet attrait partagé, Jacques Lebas conclut un pacte amical avec Victor Tardieu. Celui-ci s’engage à demander à certains élèves de l’école de peindre des œuvres qui iront orner les murs de l’appartement privé du couple Lebas en échange de fournitures et de toiles neuves. Cette collection est présentée aux enchères par la maison Aguttes. Elle comprend cinq tableaux dont un portrait, jeune femme assise, réalisé en 1933 par Lê Phô (est. 30 000-50 000 euros), un Paysage attribué à Trần Quang Trân considéré comme l’un des fondateurs de la peinture vietnamienne contemporaine (est. 60 000-90 000 euros), ou encore un autre Paysage avec figures attribué, lui, à Nguyễn Phan Chánh et estimé entre 80 000 et 120 000 euros.
« Peintres d’Asie, art moderne vietnamien », mardi 18 février 2025, Aguttes, 164 bis av. Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine