Artisan de la réouverture de sa nef, en août 2005, Renaud Donnedieu de Vabres avait fait du Grand Palais, à Paris, l’un des axes de son action de ministre de la Culture. Sous son impulsion, deux importantes séries d’expositions d’art contemporain y furent lancées, « Monumenta », consacrée à une installation monumentale d’un artiste, et la « Force de l’Art », conçue pour porter un coup de projecteur sur la scène française. Après sa fermeture en mars 2021 pour une importante campagne de travaux, ce bâtiment qui a su se rendre indispensable a été remplacé par le Grand Palais Éphémère, une structure de 10 000 m2 élevée face à l’École militaire, dans le 7e arrondissement de Paris. Dessinée par l’agence d’architecture Wilmotte & Associés, la construction modulaire qui, au bout du Champs-de-Mars, fait face à la tour Eiffel, n’est pas sans évoquer l’édifice de verre et d’acier de l’avenue Winston Churchill. Cette prouesse architecturale est au centre aujourd’hui d’un ouvrage édité par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais. Ce livre offre de nombreux plans mais aussi des images de sa construction, notamment l’assemblage de la structure de bois préfabriquée et la pose de la double peau. Il présente également en détail la composition du complexe d’isolation acoustique de la toiture, qui permet d’organiser des événements extrêmement bruyants sans nuire au confort des riverains. Cet édifice de qualité, appelé à devenir un site des Jeux olympiques de Paris 2024, a déjà accueilli avec succès de nombreux événements, des salons Art Paris, Paris+ par Art Basel et Paris Photo, au rendez-vous des écoles d’art EuroFabrique, sans oublier l’exposition personnelle d’Anselm Kiefer « Pour Paul Celan ». Du 15 décembre 2022 au 9 janvier 2023, ce sera au tour de Chanel d’y présenter « Le grand numéro de Chanel », une exposition gratuite conçue autour de l’univers des parfums de la marque.
Au fil des mois et des événements, il devient de plus en plus évident que ce bâtiment loué pour ses vertus écologiques est en passe de devenir aussi indispensable que son grand frère. Dans ces conditions, pourquoi ne pas prolonger son installation sur le Champs-de-Mars pour quelques années de plus ? Dans le domaine, il existe déjà une longue jurisprudence, à l’exemple de la Dame de fer, sa voisine. Mais surtout, en lui donnant une vocation culturelle, le Grand Palais Éphémère pourrait rendre de grands services à des manifestations ou des institutions en mal de place dans la capitale. Une idée définitivement à creuser.