Situé au cœur d’un parc de 11 hectares face à la mer, en centre-ville de la capitale togolaise, poumon vert urbain unique en Afrique de l’Ouest, le Palais de Lomé est une institution tout aussi exceptionnelle dans la région. Elle est en effet installée dans un monument historique, l’ancien palais des gouverneurs construits à l’époque du Togoland allemand. Il hébergea ensuite les autorités françaises puis devint la première résidence présidentielle après l’indépendance du pays en 1960 et ce jusqu’au début des années 1970. Après avoir connu plusieurs usages, le bâtiment est resté à l’abandon pendant plus de vingt ans, comme en témoignent les belles images du photographe Nicolas Robert ou celles de Laurent Volay, l’un des architectes qui a mené à bien la très juste réhabilitation du bâtiment pour le transformer en magnifique écrin pour des expositions. Depuis son ouverture en 2019, ses salles ont accueilli de nombreux créateurs de la région. Ainsi vient d’ouvrir « Le design en Afrique de l’Ouest : l’unité dans la multiplicité », une manifestation conçue par le curateur et fondateur de la Foire NOMAD Nicolas Bellavance-Lecompte. Le parcours réunit vingt-trois artistes et designers venant du Togo, du Ghana, du Mali, du Nigeria, du Sénégal, du Bénin… Ce centre d’art, qui a par ailleurs commencé à constituer une collection sous l’impulsion de sa directrice, Sonia Lawson, est un projet initié par le gouvernement togolais, soutenu par des mécènes. Il s’inscrit aussi dans un contexte urbain fortement marqué par la présence d’œuvres d’art.
Même s’ils sont aujourd’hui à l’abandon, la Maison des travailleurs (CNTT) ou l’ancien hôtel de la Paix arborent sur leurs façades des œuvres de l’artiste Paul Ahyi (1930-2010), dont le corpus est mis en valeur à la Fondation Agnassan. Le siège de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), inauguré en 1981 avec des volumes jouant sur les courbes, comprend notamment une commande passée à Béatrice Casadesus, tandis que la salle du Conseil se pare d’une monumentale œuvre textile conçue par Sheila Hicks et Daniel Graffin. Ces bâtiments modernistes ont notamment été au centre cette année de l’exposition « En considérant le patrimoine architectural du Togo », la première participation du pays à la Biennale d’architecture de Venise.
Parmi les artistes très présents dans la ville, figure, de l’aéroport au ministère de la Santé, Jean Koumy, ancien expatrié en Europe, qui a transformé sa maison-atelier en œuvre d’art totale. Si les artistes sont actifs, le marché reste encore à construire. En l’absence de galerie à Lomé, Sika Akpalo, qui réalise notamment des pièces textiles, reconnaît consacrer beaucoup d’énergie avec d’autres artistes à l'organisation de manifestations commerciales. Au Togo, la structuration de la scène est en cours.

