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L'actualité des galeries
Actualité

Jument fantôme, poubelles et circuit d’auto-référentialité

Patrick Javault
17 octobre 2025
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Vue de l’exposition « Berlinde De Bruyckere : Need » à la Galleria Continua / Paris Marais. Courtesy de l’artiste et Galleria Continua. Photo Hafid Lhachmi

Vue de l’exposition « Berlinde De Bruyckere : Need » à la Galleria Continua / Paris Marais. Courtesy de l’artiste et Galleria Continua. Photo Hafid Lhachmi

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Berlinde De Bruyckere : Need

Au commencement de « Need », au rez-de-chaussée de la galerie, Berlinde De Bruyckere a fait installer Palindroom (2019). Énorme poche cylindrique faite de cire et de cuir, reposant sur une base en oblique, c’est le moulage d’une « jument fantôme », un leurre employé pour l’insémination artificielle. Cette forme phallique, défaite de la statuaire ou monument à la vie, est emblématique du caractère allusif et de la dualité des récents travaux de l’artiste. Pour la série It almost seemed a lily, elle s’est inspirée des cabinets de dévotion des jardins clos de Malines [Belgique], pour fabriquer des motifs floraux avec des papiers carbone et des papiers calque, sortes de rosaces en noir et pourpre. Dans des collages, elle superpose des dessins de sexes masculins pour faire apparaître des motifs de « pistils et étamines de lys fanés ». Au premier étage, on trouve trois imposantes vitrines suspendues au mur. L’une d’elles contient la copie en cire couleur chair de morceaux d’écorce d’arbre, une autre de grandes branches verticales également en cire pareilles à des figures, la troisième le verso d’un pan de linoléum auquel est joint une bannière frangée à demi-retournée. Le végétal évoque le dépérissement et la métamorphose de la chair, le lino a l’aspect d’une peau. Les vitrines, les pattes de fixation en fer usagé ou en tissu flambant neuf, tous les accessoires d’exposition ne font qu’un avec la chose exposée. D’autres sculptures sont présentées sous de petites cloches de verre sur socle, toutes ayant servi à abriter des figurines votives . L’une d’elles, Madonna del Parto (2025), montre une langue de fer rouillé (support probable d’une figurine) enserrée dans ce qui ressemble à une vulve de cire, elle-même enrobée de soie violette. Outre la référence signalée à l’allégorie de Piero della Francesca, et au cérémonial religieux, on peut penser au Coin de chasteté de Marcel Duchamp. Tous ces éléments tissent ensemble un dense réseau de significations empruntant à la religion et au mythe. Le point de vue de Berlinde De Bruyckere embrasse l’existence dans la chair comme dans la dégradation. « Need » superpose à la cérémonie de l’exposition d’art contemporain la vision d’autres cérémonies, et bouleverse nos repères.

Du 10 octobre au 30 décembre 2025, Galleria Continua / Paris Marais, 87 rue du Temple, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Arman : Ce qui reste » à Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris. Photo Tadzio

Arman : Ce qui reste

Comme une rétrospective condensée ou un florilège, « Ce qui reste » est une belle occasion de revoir quatre décennies du parcours artistique d’Arman. Sans s’écarter de ses deux modes d’action : accumulation et destruction, il y a apporté assez de variations pour permettre différentes pistes de réflexions. Avec les Cachets, l’artiste reste encore marqué par l’abstraction lyrique tout en faisant un pas vers la poésie visuelle. Néanmoins, la référence à la peinture continue de marquer certaines de ses Colères, lui-même y reconnaissant l’influence du cubisme et du Futurisme. Revoir aujourd’hui les œuvres d’Arman, cela donne aussi envie de s’écarter des lectures sociologiques qui, à la suite de Pierre Restany, ont fait négliger des affinités et des compagnonnages avec d’autres courants artistiques. Aussi bien dans le découpage au sabre d’un portrait d’officier, que dans l’accumulation de crucifix sous le regard de Pie XI (le titre Fétiches de la secte des théophages est de portée anticoloniale), il y a une sensibilité surréaliste. L’Arman que fixe une caméra de la télévision française faisant sa collecte aux Halles pour confectionner une Poubelle est un flâneur autant qu’un glaneur. Portraits en creux, les Poubelles se déplacent du collectif à l’individuel, du roturier au noble, et peuvent parfois évoquer les boîtes de Joseph Cornell. Ses instruments de musique saccagés, dont un superbe Piano de Néron, rappellent ses affinités avec Fluxus.

En écho à la séquence des Halles, on voit un film montrant les transports d’ordures dans le port de New York, et la présence sur le sol américain est symbolisée par une poubelle de rue capturée à Manhattan avec quelques coulures de résine. C’est à New York qu’Arman performa en 1965 sa plus grande colère en détruisant un intérieur, et que la même année, il présenta le Tas des échanges. Reprise ici, la pièce invite le visiteur à déposer un objet dont il ne veut plus et à en prendre un autre, l’idée étant d’aboutir à une vaste poubelle. Moins connu sans doute, on découvre un Arman sensible aux luttes de son temps avec une boîte exposant quarante exemplaires pliés du New York Times, mettant en évidence sa photo de « une » consacrée à la plus grande manifestation anti-Vietnam à Washington (Accumulation Informative, 1969). Surprenante aussi, Strapped, de 1977, minimale et conceptuelle, un empilement de boîtes à outils d’arpenteur, avec sangles sur des plateaux roulants, une accumulation en route vers quelque port d’attache. En 1992, il peut se placer dans une perspective Neo-Geo avec un mur de ventilateurs et, deux ans plus tard, exposer une accumulation de moulins à café au-dessus d’une accumulation de cafetières, comme une évocation nostalgique du Nouveau Réalisme. « Tout ce qui reste » témoigne de ce double regard ou de cette double vocation à détruire et à préserver.

Du 12 septembre au 27 octobre 2025, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 33 & 36 rue de Seine, 75006 Paris. Commissaire : Bernard Blistène

Vue de l’exposition « Les Habités : l’art premier et l’art brut en dialogue » chez christian berst art brut. Photo Nicolas Brasseur

Les Habités : l’art premier et l’art brut en dialogue

Le rapprochement art brut et art premier n’est pas surprenant, les deux ressortissant à ce que les anglo-saxons nomment « outsider art ». L’un et l’autre auraient, disent certains, figuré dans une manifestation Dada à Cologne dès 1919. Les deux commissaires, Antoine Frérot et Daniel Klein, sont respectivement collectionneur d’art premier et collectionneur d’art brut. Derrière l’adjectif « habité », le propos est de montrer que les œuvres fondées sur des mythologies individuelles, selon le terme de Harald Szeemann, peuvent exercer un type de fascination comparable à celui que procure la vision d’objets traditionnels, de sculptures magiques ou votives, y compris chez le spectateur qui ignore tout des récits sous-jacents. Le texte du catalogue se présente sous la forme d’une conversation à trois, entre les commissaires et leur hôte, dans laquelle les premier tendent de traduire en mots l’inexplicable attrait d’œuvres qui les ont en quelque sorte choisis. Les pièces qui ont été réunies viennent de tous les continents et la période couverte s’étend du Moyen Âge à nos jours. L’accrochage procède par association d’une œuvre d’art brut avec une œuvre d’art premier, selon des critères de ressemblance. Les œuvres d’art premier sont des statues ou des objets sculptés, tandis que celles d’art brut sont dans leur très grande majorité des dessins ou des peintures. C’est, par exemple, un masque idiok portant couronne, rapproché d’un grand dessin d’Adolf Wölfli où des têtes semblent porter la même couronne. Ce peut être aussi un masque en amadouvier du Népal mis en rapport avec les figures difformes et le trait tremblé de Dwight Mackintosh. Avec des murs peints et un accrochage dense, l’exposition tient de l’installation, et plutôt qu’un dialogue, on pourrait parler d’une communion dans un rite qui reste à inventer. Quand une peinture de mondes souterrains par Alexandro Garcia se trouve comme en raccord avec une frise funéraire malagan de Nouvelle Irlande, l’effet est proprement étincelant.

Du 6 septembre au 26 octobre 2025, christian berst art brut, 3, 5, 6 passage des Gravilliers, 75003 Paris. Commissaires : Antoine Frérot & Daniel Klein

Vue de l’exposition « Elmgreen & Dragset : October 2025 » chez MASSIMODECARLO – Pièce Unique, Paris. Photo Thomas Lannes

Elmgreen & Dragset : October 2025

Avec October 2025, Elmgreen & Dragset nous offrent une œuvre in situ dans leur manière étrange et parodique. L’espace d’exposition en vitrine a été transformé en un deuxième espace d’accueil et, dans celui-ci, se tient assise la sculpture hyperréaliste d’une jeune femme en chemisier clair et strict tailleur pantalon. Elle est étalée de tout son buste sur son bureau, paupières closes. Ce qui nous fait immédiatement reconnaître une galerie d’art, c’est la présence au mur d’un authentique Concetto Spaziale doré de Lucio Fontana, celle d’un volume du catalogue raisonné du même artiste sur le bureau au-dessus de deux monographies d’Elmgreen & Dragset. Ces détails et le jeune âge de la personne la désignent comme une assistante. Savoir si son sommeil est l’effet d’une suractivité ou répond à un besoin de s’abstraire de la situation, la question fait partie du sujet. On remarque que de l’ordinateur portable aux vêtements, et jusqu’à la tapisserie du fauteuil, tout est noir, blanc ou gris. L’option prise d’inclure un Lucio Fontana dans la scène est particulièrement bienvenue. La fente du tableau fait comme une porte des rêves et l’on peut croire que cette œuvre se trouve reproduite dans le volume qui est sur la table. L’assistante est suspendue entre rêve et réalité, insérée dans un circuit d’auto-référentialité, et, depuis la rue, l’ensemble s’offre comme un tableau.

Du 14 au 31 octobre, MASSIMODECARLO – Pièce Unique, 57 rue de Turenne, 75003 Paris

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