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Actualité

Fûts de conifères, tête coupée et «teen movies»

Patrick Javault
12 septembre 2025
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Vue de l’exposition « Eija-Liisa Ahtila : On Breathing » à la Marian Goodman Gallery, Paris. Courtesy de l’artiste et de la Marian Goodman Gallery. Photo Rebecca Fanuele

Vue de l’exposition « Eija-Liisa Ahtila : On Breathing » à la Marian Goodman Gallery, Paris. Courtesy de l’artiste et de la Marian Goodman Gallery. Photo Rebecca Fanuele

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Eija-Liisa Ahtila : On Breathing

En 2011, Eija-Liisa Ahtila avait, pour donner l’image filmée d’un épicéa dans son intégralité, sans la déformation d’un grand-angle, choisi de présenter celle-ci à l’horizontale en une succession de six écrans verticaux (Horizontal, 2011). Ce sont deux autres défis qu’elle semble s’être donnée aujourd’hui, celui de filmer un peu moins de dix minutes de la vie d’un chêne (9’ 23” exactement) et celui de résumer dans une durée proche (7’ 11”) deux mois du printemps d’une forêt. On Breathing commence par le plan large d’un chêne implanté dans une zone urbaine au cours d’une matinée brumeuse. Très rapidement, le cadre se resserre pour se fixer sur un groupe de branches à l’horizontale et ne plus changer. Des incrustations rectangulaires apparaissent en nombre variable qui sont comme des filtres ou des éclairages portés en certains points du feuillage. Ces incrustations apportent une distraction qui, paradoxalement, affûte notre attention. Derrière l’écran, on remarque une peinture murale : un paysage de montagne brossé à la hâte et trois bandes de couleur verticales comme pour un étalonnage. Des petits tabourets de bois ont été disposés en nombre conséquent pour les visiteurs. Ce dispositif n’est pas sans évoquer celui d’une classe où l’on partagerait un moment de pédagogie et d’émerveillement devant un simple phénomène naturel.

APRIL ≈ 61°01’24°27 est une projection en huit sections d’une longueur de 12 mètres environ. Chaque section montre un morceau d’une forêt filmée à hauteur humaine avec les fûts de conifères ou de bouleaux au premier plan. Chacune de ces sections mêle des plans fixes, des travellings avant ou latéraux. Les images ont été tournées « pendant deux années consécutives, en 2022 et 2023, entre la fin mars et la fin mai » et elles sont présentées chronologiquement en partant de la gauche. On peut voir d’un côté de la neige et de l’autre une herbe verdoyante. L’effet est celui d’un seul paysage (certains arbres semblent à cheval entre deux sections) au sein duquel se multiplient les mouvements et changements de point de vue. L’œil est constamment sollicité, et pourtant l’expérience est en grande partie méditative.

Du 5 septembre au 4 octobre 2025, Marian Goodman Gallery, 79 rue du Temple, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Anne-Marie Schneider : Écriture allongée » chez Michel Rein, Paris. Courtesy de l’artiste et de Michel Rein. Photo Florian Kleinefenn

Anne-Marie Schneider : Écriture allongée

Depuis deux ou trois ans, la céramique occupe une part essentielle dans le travail d’Anne-Marie Schneider et « Écriture allongée » vient en donner la preuve. Avec une place comparable à celle donnée aux dessins, les œuvres en terre cuite ont, semble-t-il, été choisies pour nous faire saisir les étapes de l’appropriation de ce nouveau médium. Dans de petites plaques de terre, l’artiste a incisé, modelé ou creusé des figures humaines puis découpé des silhouettes. C’est comme si le travail avec l’argile découlait directement du tracé sur la feuille. Sur une table à tréteaux ont été déposées une trentaine de minuscules têtes, des boules à peine modelées et animées par la couleur qui sont comme la plus simple expression du travail de la main. Enfin, sur des tablettes fixées au mur sont présentées des plaques et des figurines plus ou moins colorées. L’une s’offre comme le symbole de la réunion qu’Anne-Marie Schneider a su opérer entre dessin et sculpture. Figure endormie, c’est une galette ovale marquée de deux signes pour les paupières glissée dans le cercle formé par les bras. Avec des nuances dans la gravité, l’artiste ne cesse de questionner la place du créateur, ce pouvoir de démiurge qui s’incarne dans des formes simples et des traits essentiels. Dans un de ses dessins, elle a tracé des corps qui se suivent en formant des vagues superposées et d’autres qui sont empilés. En vis-à-vis, un autre dessin montre des corps alignés tout au long des bords de la feuille avec, au centre, les mots : « vit, vie, vide ». C’est autant une invocation qu’une tentative de nommer.

Une seule peinture est présentée. On croit y voir une tête coupée sur une sorte de collerette, une chouette, un coléoptère à chapeau, une tortue, un batteur à œuf et des œufs dispersés. Cette sorte de laboratoire du rêve ouvre une fenêtre sur une autre dimension de l’œuvre d’Anne-Marie Schneider.

Du 5 septembre au 27 septembre 2025, Michel Rein, 42, rue de Turenne, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Liza Lacroix : XXX, she’s so beautiful » à la Galerie Chantal Crousel. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Chantal Crousel. Photo Jiayun Deng

Liza Lacroix : XXX, she’s so beautiful

Les tableaux de Liza Lacroix ont un caractère atmosphérique. Cette série d’œuvres peintes au cours d’un séjour parisien en vue de l’exposition présente un jeu de ténèbres et de lumières avec une dominante de bruns et de beaux effets de pourpre. Sans rien de figural, ni de gestuel, il s’en dégage une violence sourde. L’accrochage joue de longs intervalles entre les tableaux et deux d’entre eux sont laissés chacun dans une salle latérale non éclairée, qui invite au recueillement. À côté de ces peintures où le regard vient naturellement se plonger, elle a épinglé des larges feuilles de papier blanc marquées de quelques traits au crayon, ébauches de formes ou symboles de l’infini en traits répétés. Ils offrent une forme d’apaisement, voire de respiration. Liza Lacroix introduit un élément de perturbation dans son exposition savamment composée. Le texte mis à la disposition du visiteur est la reprise d’un article du Daily Mail consacré à un mannequin épouse d’un célèbre héritier américain, et disparu avec lui dans la chute de l’avion qu’il pilotait. « XXX she's so beautiful » se réfère visiblement à cette célébrité qu’il n’est nul besoin de nommer. Quel rapport entre son travail et cet article de tabloïd mis en ligne il y a plus d’un an, en dehors d’une possible fascination de l’artiste pour la figure évoquée ? Le signe en tout cas que Liza Lacroix ne s’en tient pas à l’autonomie de l’œuvre d’art et que son abstraction peut se nourrir d’épisodes traumatiques ou s’accompagner d’autres types de récits que ceux que nous pourrions imaginer. Les titres des tableaux – et notamment celui-ci : I spew death words (je vomis des paroles de mort) – donnent un autre indice de ce décentrement.

Du 6 septembre au 11 octobre 2025, Galerie Chantal Crousel, 10 rue Charlot, 75003 Paris

Nelson Bourrec Carter, Teen Spirits. Courtesy de l’artiste et Galerie Alain Gutharc

Nelson Bourrec Carter : Teen Spirits

Teen Spirits, le nouveau film présenté par Nelson Bourrec Carter, a été tourné dans le collège de la région parisienne où il a effectué une partie de sa scolarité. Dans une salle de l’établissement, il a réuni huit adolescents queer ou racisé.es pour former un chœur. La musique emploie des motifs empruntés à des chansons entendues dans des teen movies, ces fictions en milieu adolescent qui sont un genre du cinéma. Que les mots soient doux ou cruels, ils sont portés par ce chœur simplement beau et presque angélique. Entre des plans larges des chanteurs immobiles, ou esquissant des mouvements de danse, et des gros plans sur chacun d’eux, s’intercalent des vues de couloirs de l’établissement. Ces derniers font plus que suggérer le caractère cathartique de l’entreprise. L’artiste, que l’on imagine avoir été en son temps consommateur de teen movies, a su trouver en eux une matière à recycler en une œuvre inclusive et qui flirte avec la grande forme. En rapport avec le film est exposée une photo de la série High School, le portrait d’une adolescente portant un t-shirt marqué « Sunnydale », ville fictive d’une série télévisée. La photo a été prise quelque part en France, dans un quartier pavillonnaire, où l’on croit reconnaître le décor d’une fiction américaine.

Du 6 septembre au 27 septembre 2025, Galerie Alain Gutharc, 7 rue Saint-Claude, 75003 Paris

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