Tim Blum, cofondateur de l’influente galerie de Los Angeles récemment rebaptisée Blum, annonce qu’il va progressivement abandonner le modèle traditionnel de la galerie qu’il exploite depuis plus de trente ans. Il invoque un profond épuisement face aux exigences éreintantes du marché de l’art, entre foires internationales et vernissages à répétition.
Fondée en 1994 avec son ancien associé Jeff Poe sous le nom Blum & Poe, la galerie a largement contribué à faire découvrir au public américain des artistes japonais comme Yoshitomo Nara et Takashi Murakami, tout en offrant leurs premières expositions personnelles à des figures devenues incontournables du marché, comme Mark Grotjahn ou Anna Weyant. En 2023, Jeff Poe a quitté l’aventure, et la galerie a pris officiellement le nom de Blum.
Selon Artnews, qui a révélé l’information, cette transition ne résulte pas de la conjoncture difficile du marché, mais d’une lassitude toute personnelle. « Ce n’est pas une question de marché, a confié Tim Blum à Artnews. C’est une question de système. »
À peine quelques semaines plus tôt, lors d’Art Basel à Bâle, il se montrait déjà très lucide quant à l’état du marché. Il déclarait à The Art Newspaper : « Les collectionneurs ont aujourd’hui un pouvoir de négociation accru — si quelqu’un affirme le contraire, il raconte n’importe quoi. Nous vivons un véritable changement de paradigme, et ne pas le reconnaître, c’est colporter un récit obsolète. »
Dans une déclaration transmise à The Art Newspaper, Blum annonce que sa galerie éponyme « va s’éloigner du format traditionnel pour adopter un modèle plus souple », ce qui implique la fermeture de ses espaces permanents de Los Angeles et de Tokyo. « Cette nouvelle structure nous offrira la possibilité d’engager un dialogue différent avec les artistes et les idées, à travers des collaborations, des projets spéciaux et des visions à plus long terme, encore en cours d’élaboration », précise-t-il.
L’espace situé dans l’Upper East Side à New York avait déjà fermé en 2023. Un représentant de la galerie indique que Tim Blum réfléchit encore à l’usage de l’espace de Tribeca, initialement destiné à accueillir une nouvelle antenne.
« Bien sûr que je continuerai à acheter et à vendre de l’art, a-t-il déclaré à Artnews. C’est dans mon ADN. »