Francis Giacobetti s’est éteint le 7 juin 2025, à l’âge de 85 ans, des suites d’un arrêt respiratoire à l’hôpital Franco-Britannique de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Révélé à ses débuts dans la photographie érotique, il a profondément marqué l’identité visuelle de magazines aussi divers que Lui ou Paris Match. Son œuvre, d’abord traversée par la couleur et une sensualité très « 60’s », s’est peu à peu resserrée autour du noir et blanc, jusqu’à se concentrer sur des portraits graves, silencieux, presque austères.
Né dans une famille aisée de Marseille, Francis Giacobetti découvre la photographie à l’âge de 18 ans. Grâce à un proche de ses parents, il rejoint le studio de Maurice Tabard, figure majeure de la photographie surréaliste et collaborateur de Man Ray. Aux côtés de Tabard, alors qu’il travaille pour Marie Claire, le jeune Giacobetti découvre les grands noms de la photographie et les coulisses du métier. Très vite, à peine âgé de 20 ans, il devient consultant couleur pour Paris Match. En 1963, Daniel Filipacchi le recrute pour façonner l’image du magazine Lui, équivalent français de Playboy. Giacobetti y prolonge l’esthétique de son homologue américain, naviguant aux frontières de l’érotisme et du pornographique. Il signe alors les nus de nombreuses figures féminines de l’époque, de Mireille Darc à Jane Fonda. Il réalise également deux éditions du calendrier Pirelli, en 1969 et 1970. Mais, en 1975, après le succès commercial d’Emmanuelle 2, qu’il réalise, il amorce un tournant décisif et prend peu à peu ses distances avec la photographie érotique. « Photographier l’autre moitié de l’humanité manquait cruellement à mon tableau de chasse », confie-t- il alors. Abandonnant les corps féminins sexualisés, devenus sa signature, Francis Giacobetti se tourne vers le portrait masculin, cette fois dépourvu de toute dimension érotique.
Ce changement s’opère véritablement en 1976, lorsque Filipacchi prend la direction de Paris Match et confie à Francis Giacobetti la mission de se consacrer au portrait journalistique. Il délaisse la couleur au profit d’un noir et blanc radical, saisissant non plus les corps d’actrices de cinéma, mais ceux de Gabriel García Márquez, Fidel Castro ou encore Mikhaïl Gorbatchev. Sa nouvelle marque de fabrique se révèle alors : un gros plan intense sur le regard.
Au tournant des années 2000, Giacobetti conçoit son projet le plus ambitieux : Francis Bacon by Francis Giacobetti, un dialogue photographique entre le peintre britannique et ses œuvres. À l’automne 1991, à la veille de la disparition de Bacon, il réalisera ainsi près de 200 portraits du maître...
