Dix musées à travers le monde vont recevoir des dons importants de la succession d’Hans/Jean Arp, artiste considéré comme l’un des pionniers du mouvement Dada. Ce don sans précédent permettra d’enrichir plusieurs institutions sur trois continents qui se partageront 220 sculptures en plâtre. L’œuvre de l’artiste né à Strasbourg disposera ainsi d’un meilleur accès auprès d’un large public international.
La succession Arp – connue sous le nom de Stiftung Arp e.V., fondée en 1977 et basée à Berlin – a annoncé ce don le 1er juin 2023. Plus de la moitié des institutions bénéficiaires disposeront pour la première fois d’œuvres d’Hans/Jean Arp. Ce sera notamment le cas du Hepworth Wakefield en Angleterre, du Musée national d’Oslo en Norvège et du Museum Beelden aan Zee à La Haye, aux Pays-Bas.
Nombre de ces œuvres en plâtre n’ont jamais été exposées au public auparavant. Datant de 1933 à 1966, année de la mort d’Arp à Bâle à l’âge de 79 ans, elles montrent comment l’artiste a trouvé dans ce matériau des possibilités infinies, le transformant en formes biomorphiques ludiques, devenues sa signature. Lui permettant d’expérimenter les techniques de la sculpture, ces pièces fluides aux contours dynamiques reflètent les méthodes intuitives d’Hans/Jean Arp en matière d’ajout et de soustraction. Nombre d’entre elles ont servi de modèles à des sculptures réalisées par la suite en bronze ou en pierre.
Chaque musée recevra 22 œuvres et l’ensemble constitue un « groupe d’institutions soigneusement sélectionnées », a déclaré Engelbert Büning, directeur de la fondation, dans un communiqué. La majorité d’entre elles se trouvent en Europe : le Skissernas Museum de Lund, en Suède ; l’Albertina de Vienne, en Autriche ; la Gerhard Marcks House et le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, tous deux en Allemagne. Deux musées, le Nasher Sculpture Center à Dallas et les Harvard Art Museums dans le Massachusetts, sont basés aux États-Unis. Les œuvres qui voyageront le plus loin iront à la National Gallery of Victoria, à Melbourne, en Australie.

Hans/Jean Arp, Chosen by Flowers, vers 1957-1958. Photo : Rüdiger Lubricht. © Stiftung Arp e. V., Berlin, VG Bild-Kunst, Bonn 2023
Ce choix géographique fait en partie référence à la vie de l’artiste lui-même : né à Strasbourg, alors en Allemagne et aujourd’hui en France, en 1886, d’une mère alsacienne et d’un père allemand, Hans/Jean Arp a vécu à Paris et à Zurich, où il a rencontré en 1915 l’artiste Sophie Taeuber, sa collaboratrice et première épouse (la Stiftung Arp e.V. gère également sa succession). Arp a passé ses dernières années à Bâle où il a partagé sa vie avec la collectionneuse Marguerite Hagenbach, qu’il a épousée en 1959.
« Arp a forgé son identité culturelle et artistique au cours d’une longue période de nationalisme exacerbé ; en réaction, l’artiste a refusé de se limiter à une langue, une nationalité, un mouvement artistique ou un matériau unique, explique Engelbert Büning. Passant de l’abstraction à la représentation, des formes organiques aux formes géométriques, son œuvre continue d’affirmer l’importance de l’art en tant que moyen de briser les frontières. »
Cette donation marque une première étape dans les efforts déployés par la fondation pour stimuler la recherche sur Arp. Elle prévoit de faire bénéficier progressivement à d’autres musées de ce réseau non officiel, en mettant l’accent sur les institutions de deux continents qui ne sont pas concernés par les dons actuels, l’Asie et l’Afrique.
« En élargissant la recherche et le dialogue autour d’Arp, les dons permettent aux chercheurs et au public d’approfondir la recherche sur cette période importante de l’histoire de l’art, a ajouté Engelbert Büning, tout en recontextualisant la façon dont sa production continue de résonner et d’être pertinente aujourd’hui pour le public à travers le monde. »