Au sud-est de l’actuelle ville de Zagazig, en Égypte, se trouvent les ruines d’une ville dédiée à Bastet. Cette divinité fut vénérée pendant des millénaires dans l’Égypte ancienne et son culte s’est largement développé à partir du Xe siècle avant J.-C. La période coïncide avec l’installation de la résidence principale des rois de la XXIIe dynastie pharaonique – de 945 à 715 av. J.-C. – dans la ville de Per Bast. Cette cité est plus connue sous son nom grec, Boubastis, dans l’Est du delta du Nil, qui signifie littéralement la maison de Bastet. Cette déesse à tête de chat (ou de félin) fut considérée comme une grande protectrice des pharaons. Ses attributions ont peu à peu changé lorsque les chats ont commencé à être domestiqués en Égypte, puis représentés dans un contexte funéraire sur les fresques et les reliefs des tombes. Bastet a ainsi été plus étroitement associée à la protection du foyer, à la nourriture, la prospérité et la fertilité.
Des chats momifiés ainsi que des statues en bois ou en bronze ont donc souvent servi d’offrandes à la divinité. C’est le cas ici de cette importante statue de chat assis représentant la déesse Bastet, proposée à Drouot par Giquello et Associés sur une estimation de 200 000 à 300 000 euros. Gracieuse par sa taille et sa qualité plastique, la sculpture de bronze au modelé naturaliste se démarque par la pose droite et digne du félin, ainsi que par l’expression alerte de ses yeux qui ont exceptionnellement conservé leur incrustation d’électrum, un alliage d’or et d’argent. Ses muscles sont élancés tandis que ses pattes avant sont tendues et font ressortir des épaules saillantes. Ce chat majestueux érigé en divinité est muni de ses attributs, un collier ousekh et un pendentif en œil oudjat, symboles de guérison et de protection.
Il s’agit ici d’un rare témoignage de la déesse Bastet puisque peu de modèles similaires – un chat assis à la queue enroulée – ont été identifiés à ce jour. Seuls trois musées en possèdent, dont le musée du Louvre à Paris, le British Museum à Londres ou le Metropolitan Museum of Art à New York. L’exemplaire proposé ici provient quant à lui de l’ancienne collection particulière de Jean Bouvier, un peintre et dessinateur né au Mans en 1924. Elle avait été acquise par ses parents, Jacques et Thérèse Bouvier, sans doute dans une galerie parisienne. Depuis, le bronze, qui est accompagné d’un certificat du marchand Charles Ratton daté du 25 juin 1969, n’a plus quitté la famille Bouvier. Il est maintenant en quête d’un nouveau foyer à protéger…
« Autographes, archéologie, arts d’Asie, dessins, tableaux, mobilier et objets d’art, Haute Époque : Collection Jean Bouvier », 13 décembre 2022, Giquello & Associés, Hôtel Drouot, 9, rue Drouot 75009 Paris.