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Critique

Entrez dans la danse

Vincent Wackenheim offre une analyse exhaustivement illustrée de la persistance du motif de la danse macabre dans l’iconographie après l’époque moderne.

Marc Donnadieu
6 novembre 2025
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Vincent Wackenheim, La Mort dans tous ses états. Modernités et esthétiques des danses macabres, 1785-1966, Strasbourg, L'Atelier contemporain, 2025, 968 pages, 1000 illustrations, 45 euros.

Vincent Wackenheim, La Mort dans tous ses états. Modernités et esthétiques des danses macabres, 1785-1966, Strasbourg, L'Atelier contemporain, 2025, 968 pages, 1000 illustrations, 45 euros.

Avec les XIVe et XVe siècles, et les souvenirs funestes de la guerre de Cent Ans, des famines répétées, les traumatismes de la peste noire et d'une dépression démographique et économique décisive en Europe occidentale, l'iconographie religieuse a basculé en grande part dans une noirceur inégalée où le diable comme la mort furètent allègrement. Il n’est pas rare de voir apparaître des représentations cadavériques et leurs pénitents en lamentation parmi les stèles d'un cimetière, ou surgir en peinture des monstres maléfiques, lesquels feront les délices de Jérôme Bosch, pour seul exemple. Ainsi, le thème de la danse des morts domine-t-il cette fin crépusculaire du Moyen Âge. En témoignent la fresque des cimetières des Saints-Innocents à Paris (1424) ou de celui de Bâle (1440), puis les sculptures de l'aître Saint-Maclou à Rouen (1526-1533) ou la série des quarante et unes gravures des Simulacres de la mort de Hans Holbein (1538).

La mort dans l'art

L'ouvrage de Vincent Wackenheim, intitulé La Mort dans tous ses états. Modernités et esthétiques des danses macabres, 1785-1966 et paru à L’Atelier contemporain, dresse un panorama d’une richesse remarquable sur la pérennité de ce thème iconique et finalement atemporel en Europe, quoique celui-ci se teinte, selon les époques, d'inclinations pour l'ironie, la satire ou le burlesque, voire le sarcasme. Car si l'égalité face à la mort en est le leitmotiv, l'inégalité sur terre y est presque toujours cruellement pointée du doigt. Au fil de farandoles endiablées se suivent dans un ordre codifié le pape et l’ermite, le noble et le gueux, le colporteur et le laboureur, tous allant gaillardement ou d’un pas cadencé vers le précipice de l’existence. De même, dans des étreintes morbides, un squelette plus ou moins décharné saisit-il, en un geste ultime, la gloire, la richesse, la beauté ou la jeunesse. Mais tout cela laisse encore à penser qu’un sursaut de piété ou de sagesse pourrait en inverser le cours, en diminuer la dureté, voire, qui sait, en retarder l’échéance.

À partir de la fin du XVIIIe siècle, soutenu par les progrès des techniques d’impression et de diffusion, le tempo des danses macabres se synchronise avec celui d'une histoire toujours marquée par la persistance des épidémies, d'interminables conflits meurtriers et l'irruption de soulèvements sociaux. Ces rondes perpétuent leur action cathartique face à la guerre franco-prussienne de 1870-1871, puis durant et au sortir de la Première Guerre mondiale. Quelques décennies plus tard, l'insoutenable vérité de l'univers concentrationnaire ne changera pas la donne, bien au contraire. La figure du Christ supplicié s'érige en martyr de tous les martyrs, et la danse des morts vient symboliser le défilé inexorable des déportés puis des condamnés à la solution finale. Devant ce nouvel effroi, plus de collectif, plus de transcendance, les interprétations du XXe siècle placent chaque individu seul face à ses actes, ses doutes ou ses cauchemars les plus profonds. Qu'en est-il du XXIe siècle ? L'ouvrage s'arrête aux années 1960. Sans doute parce que l'arrivée de la télévision et la diminution progressive du dessin de presse nous privent d'exemples à la hauteur des précédents. Pour autant, la mort rôde toujours, mais sous des oripeaux si subtils que nos yeux éblouis par la lumière des écrans n'arrivent plus à les discerner. Saurons-nous, de nouveau, repenser le sens de l'existence et peser sur notre destin de mortels ? Danser, est-ce encore vivre ? Ou ne pas vouloir mourir ?

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Vincent Wackenheim, La Mort dans tous ses états. Modernités et esthétiques des danses macabres, 1785-1966, Strasbourg, L'Atelier contemporain, 2025, 968 pages, 1000 illustrations, 45 euros.

LivresDanses macabresVincent WackenheimÉditions l'Atelier contemporain
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