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Critique

« David Hockney 25 » : Toujours plus de printemps

La Fondation Louis-Vuitton, à Paris, a invité l’artiste britannique à s’emparer de ses espaces d’exposition. L’accrochage réunit plus de 400 créations – peintures, dessins, œuvres numériques et installations vidéo –, réalisées de 1955 à 2025.

Guitemie Maldonado
5 juin 2025
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Vue de l’exposition «David Hockney 25», avec 27th March 2020, No. 1, peinture sur iPad imprimée sur papier, collection de l’artiste. © David Hockney. Courtesy de la Fondation Louis Vuitton. Photo Marc Domage

Vue de l’exposition «David Hockney 25», avec 27th March 2020, No. 1, peinture sur iPad imprimée sur papier, collection de l’artiste. © David Hockney. Courtesy de la Fondation Louis Vuitton. Photo Marc Domage

La Fondation Louis-Vuitton, à Paris, a mis sur pied la plus grande exposition à ce jour du peintre britannique David Hockney, lequel en a pourtant bénéficié d’un certain nombre à travers le monde – rien qu’à Paris, au Centre Pompidou, en 1999 et 2017, et à l’Orangerie en 2021. Pour l’occasion, l’artiste a choisi de mettre l’accent sur son travail des vingt-cinq dernières années, soit le premier quart de ce XXIe siècle. Pas moins de 400 œuvres sont accrochées dans les onze salles de la Fondation, parcours s’achevant par une projection immersive conçue spécialement pour l’architecture de Frank Gehry. Il s’agit pour l’essentiel de paysages, mais aussi des portraits et des fleurs, sans oublier les œuvres qui interrogent l’histoire de l’art, en particulier les règles de la perspective, ainsi que les contributions de l’artiste à la mise en scène de plusieurs opéras.

Ce qui, au premier chef, saisit, au fil de la visite – entre euphorie et vertige –, c’est le nombre : des polyptyques (pouvant compter plusieurs dizaines de panneaux) aux motifs répétés ou pensés en séries, l’œuvre se déploie à l’évidence par ensembles. L’équipe de commissaires de l’exposition (Suzanne Pagé, Norman Rosenthal et François Michaud, assistés de Magdalena Gemra) les a présentés en un accrochage dense et rythmé, parfois du sol au plafond, en grilles jouant d’effets d’agrandissement ou en mosaïques d’écrans, sur des murs recouverts de couleurs vives, mêlant peintures, dessins, impressions et affichages numériques.

Une telle profusion, liant inextricablement les rythmes de la vie à la nécessité de la création, correspond bien au jaillissement cyclique et revigorant qui caractérise le printemps.

Une célébration du printemps

Depuis ses débuts à l’huile, David Hockney n’a cessé d’explorer les matériaux et les techniques permettant de restituer le monde vu. Il a ainsi rassemblé en un Great Wall (2020) des reproductions de centaines d’œuvres montrant, depuis le XVe siècle, l’usage par les peintres d’instruments optiques afin de traduire la vision. Plus encore, le format fait, chez lui, l’objet d’expérimentations multiples, ce dès les toiles mises en forme ou les vastes plages vides des années 1960. Tantôt, il l’adapte à l’ampleur du sujet – A Bigger Grand Canyon (1998), comme on recherche la « bigger picture », image plus grande certes, mais surtout plus englobante – ou au nombre de figures, qui plus est démultiplié par les reflets en miroir (Pictured Gathering with Mirror, 2018) et les mises en abyme (Play Within a Play Within a Play and Me with a Cigarette, 2025). Tantôt, il étend le champ de vision au CinémaScope ou à la tradition des larges frises et des panoramas, voire au fisheye (Beuvron-en-Auge Panorama, 2019) et au panoramique permis par les téléphones portables, avec toutes les déformations et tous les redressements possibles.

La Grande Cour (2019) déploie ainsi, en vingt-quatre dessins à l’encre sur papier, la vue depuis le seuil de sa maison du pays d’Auge. S’y inscrivent en une même séquence la volonté de tout embrasser, l’observation et le dessin comme activités quotidiennes, du matin au soir, l’impression d’ensemble et le souci du détail, le point de vue fixe et les changements opérés par le temps, la durée comme défilement et répétition.

Une telle profusion, liant inextricablement les rythmes de la vie à la nécessité de la création, correspond bien au jaillissement cyclique et revigorant caractérisant le printemps, cette saison dont l’exposition semble tout entière une célébration – à l’instar des rites qui, de tout temps, en ont marqué le retour et fêté les promesses de renouveau. Car tout y est plus lumineux, plus chaud, plus clair, plus net, plus intense, bref, plus vif. Quels que soient les moyens employés par David Hockney, l’œil ne cesse d’osciller entre plan large et vue rapprochée : on relève autant de manières d’appliquer la peinture (brossée, pointillée, étalée et striée) ou l’encre (du point à la ligne) que d’outils de logiciel de retouche pour signifier les feuilles, les brins d’herbe ou les gouttes de pluie.

« C'est le maintenant qui est éternel »

Et l’on s’abîme dans l’observation détaillée autant que l’on s’enivre de la sensation de plein qui domine : entre A Bigger Splash (1967), qui a fait le succès de David Hockney, et Some Smaller Splashes (2020), du puissant jet effaçant l’architecture aux petits points d’impact répétés structurant la surface, c’est tout le spectre du sensible qui se trouve exploré, avec, comme note principale, cet hédonisme qui s’est fait jour quand l’artiste a découvert la Californie en 1964. La géographie suivant laquelle est organisée l’ouverture de l’exposition joue en effet, dans son parcours, un rôle paradoxal, entre changements notables dans la manière et continuité de l’inspiration, entre des liens intimes que l’on suppose robustes et la distance qui sied à l’observateur également curieux de tout ce qui l’entoure.

Sans constituer une rétrospective, la sélection des pièces rappelle les débuts, comme pour donner le ton. Bradford, la ville ouvrière du Yorkshire, dans le nord de l’Angleterre, où David Hockney a grandi, est évoquée par deux œuvres (un portrait du père et un paysage urbain parfaitement anonyme) à la gamme chromatique des plus éteintes, qui fait penser aux premiers essais réalistes et sombres de Vincent van Gogh. Les peintures exécutées à Londres, où il s’installe à la fin des années 1950, avec leur caractère elliptique, syncopé et leur dose d’humour, traduisent l’enthousiasme de la découverte et le souffle de liberté qui saisissent alors l’artiste. Ceux-ci se trouvent confortés et amplifiés en Californie, devenant une sorte de diapason pour la suite.

Du Yorkshire, où il retourne, au pays d’Auge, où il séjourne régulièrement, par tous les temps, en dépit de la perte de ses proches ou de la pandémie, et avec toutes sortes de variations, c’est un même degré d’intensité chromatique qui est déployé, en peinture comme à l’iPad, de jour comme de nuit. Et l’on ne s’étonne guère que David Hockney s’attache également à faire le portrait de fleurs en bouquets. Ce sont autant de couleurs, autant de moyens aussi de prolonger, éternellement, ce printemps, dont le sentiment de plénitude, éprouvé d’abord en Californie, se perpétue depuis, où que se trouve l’artiste.

On arrête alors de compter ses printemps pour endosser, même pour un court moment, cet optimisme qui lui a fait dire, à propos du confinement survenu précisément à cette saison, que le printemps ne pouvait être annulé : la phrase est inscrite, en néon vert, sur la façade du bâtiment. Ou, comme il l’écrit en ouverture du catalogue, que « c’est le maintenant qui est éternel ». Et l’on se joint à la célébration, à laquelle invite cette peinture, du sensible et de l’instant, d’un monde à portée de main, sans cesse redécouvert, et d’un regard infiniment curieux des spectacles, même les plus quotidiens et familiers, dont il nous comble.

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« David Hockney 25 », 9 avril-31 août 2025, Fondation Louis-Vuitton, 8, avenue du Mahatma-Gandhi, 75016 Paris, fondationlouisvuitton.fr

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