Créé en 2006, le Prix du musée d’Orsay récompense, chaque année, une thèse d’histoire de l’art portant sur la deuxième moitié du XIXe siècle. Le lauréat reçoit un montant de 10 000 euros, en vue d’en permettre la publication.
Pour l’édition 2025, le Prix a été décerné à Célia Honoré pour sa thèse Photographier les criminelles. Figures de la déviance féminine dans la culture visuelle de la modernité (France, 1855-1914), menée sous la direction de Giovanna Zapperi, professeure à l’université de Genève, et soutenue en février 2024.
Titulaire d’un Master de recherche en Sciences humaines et sociales, spécialité Arts et langages, de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, elle est chercheuse associée au laboratoire ACTE (Arts Créations Théories Esthétique) de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Elle a publié divers articles sur les femmes criminelles, les insurgées de la Commune, la culture visuelle de la déviance féminine. Elle dispense des cours en histoire et théorie des arts à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’université de Genève.
Le jury a souligné « l’intelligence et l’originalité de l’approche, la rigueur scientifique, la maturité méthodologique et l’importance des questions soulevées par une thèse résolument engagée, qui aborde un corpus photographique allant de la photographie judiciaire à la photographie du fait divers et à la gravure en passant par les portraits, les mises en scène et les transpositions dans la presse illustrée ».
« Elle renouvelle notre compréhension de la construction des imaginaires de la criminalité féminine en articulant figures, visualité et contexte social. L’analyse, qui va de la Commune à la Belle Époque, révèle des angles morts fascinants – comme l’absence des femmes dans les archives Bertillon – et propose des rapprochements inédits, notamment avec le musée Grévin », a salué Bertrand Tillier, professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.
« Elle offre une histoire des idéologies des images à la fois réjouissante et précieuse pour penser leur agentivité. Une contribution de premier plan, importante pour l’histoire de l’art », a commenté pour sa part Isabel Valverde Zaragoza, professeure à l’université Pompeu-Fabra de Barcelone.
« Le jury a pu apprécier l’excellence et la diversité de la recherche sur le XIXe siècle, s’est réjoui France Nerlich, préfiguratrice du Centre de ressources et de recherche Daniel Marchesseau. Cette jeune recherche mérite d’être encouragée et mise en valeur. La lecture de ces thèses nous confirme dans le désir d’accompagner et soutenir les travaux à venir et de contribuer à impulser des dynamiques nouvelles dans l’exploration d’un siècle qui continue à construire nos imaginaires et nos représentations. »
Le Centre de ressources et de recherche Daniel Marchesseau réunit les collections documentaires du musée d’Orsay et développe des programmes de recherche sur les arts au XIXe siècle. Hébergé actuellement par le musée parisien, il déménagera en 2027 au sein de l’hôtel de Mailly-Nesle, situé non loin, au 29 quai Voltaire.
Le jury du Prix du musée d’Orsay 2025 était composé de France Nerlich, préfiguratrice du Centre de ressources et de recherche Daniel Marchesseau, musée d’Orsay ; Bertrand Tillier, professeur, université Paris I Panthéon-Sorbonne ; Isabel Valverde Zaragoza, professeure, université Pompeu-Fabra, Barcelone ; Stéphane Paccoud, conservateur en chef, musée des Beaux-Arts de Lyon ; et Élise Dubreuil, conservatrice en chef, musée d’Orsay.