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Reportage

La villa Kujoyama engagée pour les métiers d’art

Par un programme d’expositions et de performances, l’institution française basée à Kyoto, au Japon, célèbre son investissement dans les métiers d’art, en coordination avec l’Institut français et avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller.

Anaël Pigeat
19 mai 2025
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Les masques nô de Mitsue Nakamura. Photo Pierre Laporte

Les masques nô de Mitsue Nakamura. Photo Pierre Laporte

Un concert sur un orgue de papier de François Xavier Richard, une performance de Nina Fradet sur le thème de la ligne, une théière en fibres végétales, dont la surface change de couleur selon sa température, par Dimitry Hlinka et Nicolas Pinon (lauréats du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main en 2020)... Les espaces et les ateliers de la Villa Kujoyama étaient largement ouverts pour célébrer, à travers un parcours artistique conçu par José Lévy, les 10 ans de l’engagement de l’institution pour les métiers d’art, qui agit en coordination avec l’Institut français et bénéficie, depuis 2014, du soutien de la Fondation Bettencourt Schueller.

Un nouveau regard sur les métiers d'art

À partir de sa réouverture en 2014, après d’importants travaux effectués dans le bâtiment construit à flanc de colline sur les hauteurs de Kyoto, la Villa Kujoyama a pris un nouveau tournant : « La collaboration avec la Fondation Bettencourt Schueller a permis ce développement, ainsi que l’ouverture de la Villa Kujoyama, et, plus largement, de l’Institut français, au sujet des métiers d’art », explique Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français à Paris. Le soutien apporté par la Fondation représente 400 000 euros annuels, soit 50 % du budget de fonctionnement de la Villa : un modèle public-privé singulier dans le paysage institutionnel français.

L’implantation de la Villa à Kyoto – une cité dans laquelle, depuis des millénaires, des familles, qui comptent parfois des trésors nationaux vivants, règnent sur des ateliers spécialisés – rend cet engagement très naturel. Il y a dix ans déjà, un lien étroit existait à Kyoto entre ces artisans et artisans d’art et une scène underground locale, entre la création la plus expérimentale et les traditions ancestrales. Or, depuis quelques années, le regard que les artistes portent sur les métiers d’art s’est considérablement transformé sur la scène internationale. Il n’est plus rare de trouver des céramiques, des tapisseries ou des collaborations avec des artisans spécialisés dans les productions contemporaines.

De nombreuses initiatives se sont d’ailleurs développées en ce sens, comme Homo Faber à Venise, l’Académie des savoir-faire de la maison Hermès, ou encore le projet qu’a le groupe LVMH d’ouvrir un centre culturel des métiers d’art et des savoir-faire français dans l’ancien bâtiment du musée des Arts et Traditions populaires sis dans le bois de Boulogne, à Paris. Par ailleurs, en 2023, le ministère de la Culture a lancé un plan pour les métiers d’art, dans lequel les activités des résidents se sont naturellement inscrites. Une façon de considérer que la Villa Kujoyama a occupé une position pionnière à cet égard.

Un esprit particulier règne sur cette résidence : « Notre démarche consiste à agir dans le temps long. L’ambition de ce lieu est de créer des rencontres qui conduisent à d’autres rencontres. Les clés du succès sont des valeurs d’accueil, de respect, de curiosité, et, bien sûr, l’expression des talents », souligne Olivier Brault, directeur général de la Fondation Bettencourt Schueller. À la Villa Kujoyama, il est question de recherche. Les résidents actuels, présents dans les six studios pour des durées de quatre à six mois, témoignent des nombreuses visites et rencontres qui leur sont offertes.

Vue depuis la Villa Kujoyama, à Kyoto. Photo Pierre Laporte

César Debargue travaille à un projet de photographie, de design et d’illustrations décalées sur les sentô, les bains publics japonais qui reviennent à la mode auprès des jeunes, comme lieux de socialisation nue. Après des visites dans des ateliers de teinture d’indigo et de calligraphie, il s’est rendu chez Shuji Nakagawa, fabricant pour la troisième génération de kioke, les seaux de bois utilisés dans les sentô. À peine arrivée, l’auteure de bande dessinée Delphine Panique, qui projette d’adapter en dessin les Notes de chevet (1002) de Sei Shōnagon, était déjà invitée dans l’atelier de Mitsue Nakamura, créatrice de masques nô, elle-même formée par son père. « Je ne suis pas venu pour apprendre, car il faut des années, et non cinq mois, pour cela, mais pour confronter mes techniques d’ébénisterie à celle du Japon », explique quant à lui Régis Floury, artisan luthier, fabricant de guitares baroques.

« Un agriculteur m’a montré la préparation des graines et le toronnage de la paille pour la fabrication des manteaux de pluie », raconte Domitille Martin dont la recherche porte sur « les façons de donner vie à la matière, la fibre végétale en particulier ». Elle vient de commencer une enquête sur les matsuri, des festivals traditionnels ou fêtes populaires qui ont lieu dans tout le pays. Marion Vidal, enfin, aspire à étendre sa pratique du bijou fantaisie dans le champ de l’art à travers des recherches sur le bambou. Elle a déjà expérimenté des cours de tir à l’arc ou d’estampes japonaises, et voudrait mettre en œuvre une « cérémonie du bijou ».

Présentation de l’orgue de papier de François-Xavier Richard. Photo Pierre Laporte

Ouverture et rayonnement

Directrice de la Villa Kujoyama depuis septembre 2022, Adèle Fremolle a considérablement contribué à son ouverture, à faire que ce lieu ne soit pas seulement tourné vers la montagne qui l’entoure, mais vers la ville, et qu’elle ne soit pas une structure française au Japon, mais une structure franco-japonaise. Elle a instauré des microrésidences pendant les séjours des résidents : des voyages de recherches pendant quelques jours sur le territoire japonais. Par ailleurs, depuis son arrivée, la Villa Kujoyama ouvre ses portes au public chaque premier jeudi du mois sous des formats divers : visites d’ateliers et programmation culturelle liée aux résidents.

« Nous voulons que la résidence ne soit pas une parenthèse, mais un point de départ », souligne Adèle Fremolle. C’est pour cela qu’elle a mis sur pied un programme inédit de post-résidence : un mois au cours duquel les résidents peuvent revenir sur place prolonger leur travail. Un suivi de cinq ans leur est également proposé. Le rayonnement de la Villa Kujoyama s’étend aujourd’hui bien au-delà de ses murs à travers ses anciens lauréats. Par exemple, ce printemps, Tony Jouanneau et Aurélie Lanoiselée sont présents dans l’exposition Futurotextiles 75 à Osaka ; Sébastien Pluot est commissaire de MYOP, trajectoire d’images, à l’Institut français du Kansai dans la sélection KG+ du Festival KYOTOGRAPHIE ; Louise Mutrel expose aussi actuellement au Café agnès b., à Kyoto, également dans le cadre de KG+...

« En matière de suivi des artistes, la Villa Kujoyama semble avoir ouvert la voie. Même si chaque résidence est différente, elle est devenue un modèle pour de nombreuses résidences françaises et hors du réseau français », analyse Eva Nguyen Binh. Sous sa présidence depuis juillet 2021, l’Institut français a inauguré la Villa Albertine, en octobre de la même année, et créé la Villa Swagatam, en Inde, en 2023. Puis Olivier Brault d’ajouter : « Ce programme a tellement démontré sa valeur pour les résidents, pour la Villa Kujoyama et pour les échanges culturels franco-japonais, que la Fondation Bettencourt Schueller envisage aujourd’hui très favorablement de prolonger son engagement au-delà des accords passés. »

villakujoyama.jp

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