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Le Giacometti à 70 millions de dollars fait un flop chez Sotheby’s

Le lot vedette, un buste représentant le frère de l’artiste, Diego, n’a attiré aucun enchérisseur lors de la vente du 13 mai 2025 totalisant 186,4 millions de dollars.

Carlie Porterfield
14 mai 2025
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L’auctioneer Oliver Barker lors de la vente du soir dédiée à l’art moderne chez Sotheby’s, mardi 13 mai 2025. Photo Brendon Cook, BFA.com. Courtesy Sotheby’s.

L’auctioneer Oliver Barker lors de la vente du soir dédiée à l’art moderne chez Sotheby’s, mardi 13 mai 2025. Photo Brendon Cook, BFA.com. Courtesy Sotheby’s.

La vente du soir d’art moderne de Sotheby’s a rapporté 152 millions de dollars (186,4 millions avec les frais) mardi 13 mai 2025, un résultat bien en deçà de l’estimation, qui se situait entre 170,3 et 248,7 millions de dollars. Une illustration du fait que, même en période d’incertitude économique, les artistes les plus cotés ne garantissent pas toujours le succès – en particulier pour les maisons de ventes qui figurent parmi les secteurs les plus fragilisés.

Avant le début des enchères, le commissaire-priseur Oliver Barker annoncé le retrait de quatre lots : Bananas for the Attorney General de Winslow Homer (estimé entre 1,5 et 2,5 millions de dollars) ; Study for Improvisation 10 (1910) de Vassily Kandinsky (6 à 8 millions) ; Mulata de vestido branco (1936) de Cândido Portinari (800 000 à 1,2 million), et Torse de femme nue couchée (1903-1905) de Pierre-Auguste Renoir (800 000 à 1,2 million).

Malgré ces retraits, la vente a démarré sur une note encourageante, les premiers lots atteignant le haut de leur fourchette d’estimation, voire la dépassant. La sculpture de Jean Arp, Figure-germe dite l’Après-midinette (1959), s’est vendue 2,9 millions de dollars (3,5 millions avec les frais), pour une estimation de 1,2 à 1,8 million. Une peinture de l’artiste datée de 1926, Sans titre, a trouvé preneur à 650 000 dollars (825 500 avec les frais), contre une estimation de 500 000 à 700 000 dollars.

Nature morte (1936) de Robert Delaunay a dépassé son estimation haute de 100 000 dollars, en se vendant 1,6 million de dollars (2 millions avec les frais). Quatre enchérisseurs se sont affrontés pour Flux et reflux (1923) de František Kupka, adjugé 4,8 millions de dollars (5,9 millions avec les frais). En revanche, une autre œuvre de l’artiste, Formes flasques(1919-1925), a été vendue en dessous de son estimation, à 4,3 millions de dollars (5,2 millions avec les frais). Les deux tableaux provenaient de la collection de la famille Joseph H. Hazen.

Le lot suivant, La Jeune fille au bouquet (1921) de Fernand Léger, n’a pas trouvé preneur à 4,3 millions de dollars. Fait rare, il a été remis en vente plus tard dans la soirée et s’est finalement vendu 3 millions de dollars (3,7 millions avec les frais), contre une estimation de 5 à 7 millions.

Le mobile Paulette (1948) d’Alexander Calder s’est vendu 4,6 millions de dollars (5,6 millions avec les frais), tandis que Tête d’homme (1964) de Pablo Picasso a trouvé acquéreur à 2,4 millions de dollars (2,9 millions avec les frais).

Des œuvres de grands noms ont ensuite été mises en vente, à commencer par deux tableaux de René Magritte : La Bonne aventure (1939) a atteint 3 millions de dollars (3,3 millions avec les frais) et La Traversée difficile (1963), 8,2 millions de dollars (10 millions avec les frais).

Port-Coton, Le Lion (1886) de Claude Monet a été vendu 5,3 millions de dollars (6,5 millions avec les frais), tandis que Saint-Georges. Couchant (Venise) (1903-1905), scène vénitienne baignée de lumière de Paul Signac, a atteint 6,6 millions de dollars (8,1 millions avec les frais). Un tableau de Georges Seurat daté de 1886 s’est vendu 480 000 dollars (609 600 avec les frais). Enfin, des dessins de Picasso et d’Egon Schiele ont respectivement réalisé 3,7 millions de dollars (4,5 millions avec les frais) et 1,9 million (2,36 millions avec les frais).

Alberto Giacometti, Grande tête mince. Courtesy Sotheby’s

La vedette annoncée de cette soirée devait être Grande tête mince d’Alberto Giacometti, un buste en bronze peint représentant son frère Diego. Conçue en 1954 et fondue en 1955, la sculpture avait été exposée à la Biennale de Venise en 1956. Elle était proposée à la vente par la Soloviev Foundation, la branche philanthropique de l’empire dirigé par Stefan Soloviev. Son père, Sheldon Solow – milliardaire, promoteur immobilier et grand collectionneur – avait acquis l’œuvre en 1980 auprès de la Galerie Maeght, à Paris. Estimée à plus de 70 millions de dollars, la pièce a vu les enchères plafonner autour de 64 millions. En l’absence de garantie, le lot n’a pas trouvé preneur — une issue qui a suscité des exclamations de surprise dans la salle.

« Le message de Giacometti a toujours été que le destin repose sur le fil du rasoir. Malgré l’intérêt et même des offres, ce n’était tout simplement pas son moment », a commenté Julien Dawes, directeur du département Art moderne et impressionniste pour les Amériques chez Sotheby’s, dans un communiqué publié après la vente.

Une autre sculpture de Giacometti, proposée auparavant avec une estimation plus modeste, a en revanche bien trouvé preneur, atteignant 5,6 millions de dollars (6,8 millions avec les frais).

Oliver Barker a accéléré le rythme pour le reste de la vente. Il n’a fallu que quelques lots avant qu’une nouvelle œuvre ne soit laissée de côté : Le Bras (1938) d’Henri Matisse n’a pas trouvé preneur, suivi de huit autres lots restés invendus avant la fin de cette vacation de deux heures, parmi lesquels des œuvres de Picasso, Edgar Degas, Pierre Soulages et David Smith. Sparks (2001) d’Andrew Wyeth, proposé pour la première fois aux enchères, n’a également pas changé de mains.

Au cours de la vente, Oliver Barker a annoncé que Brindis (1949) de Rufino Tamayo avait été retiré. L’œuvre était estimée entre 1 et 1,5 million de dollars.

Il y eut toutefois quelques succès notables. La vente a notamment établi un record pour Frank Lloyd Wright, l’architecte américain à qui l’on doit entre autres le bâtiment du musée Guggenheim à New York. Une lampe qu’il avait dessinée s’est envolée à 6,1 millions de dollars (près de 7,5 millions avec les frais), à l’issue d’une bataille d’enchères de 11 minutes. Ce résultat a doublé le précédent record aux enchères pour Wright, et presque quadruplé le prix atteint par la même pièce lors de sa dernière apparition en vente, en 2002, selon Sotheby’s.

Two Figures in Dunes (1968) de Willem de Kooning a également dépassé son estimation de 1,5 à 2 millions de dollars, atteignant 2,6 millions (3,2 millions avec les frais). D’après la maison de ventes, cela représente quinze fois le prix obtenu lors de la précédente mise aux enchères de l’œuvre, en 1993.

Sotheby’s a précisé qu’environ la moitié des 65 lots présentés ce soir-là étaient inédits sur le marché. Le taux de vente s’est élevé à 83 %, hors des cinq lots retirés. Parmi les œuvres adjugées, 40 % ont dépassé leur estimation haute. 26 lots étaient garantis, dont 24 par des tiers.

L’art moderne est souvent considéré comme une valeur refuge, relativement épargnée par les fluctuations en période de ralentissement économique. La vente du printemps 2023 l’avait montré : elle avait totalisé 198,1 millions de dollars (235,1 millions avec les frais), un résultat situé dans la moyenne des estimations (180,2 à 250,7 millions hors frais), considéré alors comme solide malgré un marché affaibli.

Mais la session du 13 mai a montré que même des signatures phares comme Giacometti ne sont pas à l’abri d’une certaine frilosité dans un contexte économique incertain. En période de turbulences, nombre de collectionneurs privilégient les ventes privées, appréciées pour leur flexibilité, leur confidentialité et leur capacité à réduire les risques. Selon un récent rapport de Bank of America, Sotheby’s comme Christie’s ont vu leur activité de ventes privées progresser l’an dernier. Un canal plus discret qui pourrait bien être celui par lequel transiteront certaines des œuvres invendues ou retirées lors de cette vente du soir.

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