La Fundació Joan Miró, avec le soutien de la Fondation Stavros Niarchos (SNF) et de Cupra, a décerné le 8 mai le prestigieux prix Joan Miró à l’artiste Kapwani Kiwanga « en reconnaissance d’une carrière artistique unique qui associe la recherche académique, le commentaire social et une grande capacité à créer des formes visuelles complexes et innovantes ».
Née à Hamilton, au Canada, en 1978, l’artiste canadienne et française, formée à l’Université McGill de Montréal et à l’École des Beaux-Arts de Paris, est installée en Europe depuis plus de vingt ans. Ancienne pensionnaire à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, elle vit et travaille actuellement entre Berlin et Paris. Anthropologue de formation, elle a développé une pratique artistique interdisciplinaire – installation, sculpture, vidéo et performance – basée sur la recherche d’archives pour repenser les récits hégémoniques qui ont défini le cours de l’histoire mondiale. Son travail explore la relation entre le pouvoir, l’architecture et les structures sociétales, développant un langage visuel qu’elle définit comme des « stratégies de sortie » : des formes qui nous permettent d’imaginer des futurs alternatifs et de repenser les structures dominantes.
Ses œuvres ont notamment été exposées au New Museum à New York, au MOCA de Toronto, à la Haus der Kunst de Munich, au Kunstmuseum de Wolfsburg, au CAPC-Musée d’art contemporain de Bordeaux et au Museu Serralves de Porto. En 2024, elle a représenté le Canada dans son pavillon à la 60e Biennale de Venise, où elle a présenté son installation Trinket, une réflexion poétique et critique sur le commerce mondial et les échanges inégaux à travers l’histoire des perles de verre.
Parmi les prix qu’a précédemment reçus cette artiste de renommée internationale, figurent le Prix Marcel Duchamp (2020), le Sobey Art Award (2018) et le Zurich Art Prize (2022).

L'artiste lauréate et le jury du prix Joan Miró 2025 à Barcelone. Fundació Joan Miró
Le jury a distingué la carrière de Kapwani Kiwanga pour « sa capacité à traduire avec précision et sensibilité des processus historiques et sociaux complexes en installations formellement raffinées et conceptuellement rigoureuses qui établissent un dialogue profond avec l’espace d’exposition et les valeurs qui inspirent l’héritage de Joan Miró ».
Kapwani Kiwanga était en lice avec quatre autres finalistes : Jumana Emil Abboud (née en 1971 en Palestine), Arahmaiani (née en 1961 en Indonésie), Bonnie Devine (née en 1952 au Canada) et Christodoulos Panayiotou (né en 1978 à Chypre).
Le prix, accompagné d’un trophée conçu par le designer barcelonais André Ricard, consiste en une bourse de 50 000 euros. La lauréate présentera une exposition personnelle à la Fundació Joan Miró en 2026.
« Les dix-huit années d’existence du prix ont démontré que le fait de lier l’héritage de Joan Miró au travail de créateurs contemporains crée des dialogues enrichissants et des synergies qui stimulent la carrière des artistes primés et maintiennent la Fundació Joan Miró en contact permanent avec les plus grands noms de l’art contemporain. Ce lien met également en évidence la pertinence du processus créatif de Joan Miró, qui est revitalisé à chaque édition à travers les différents points de vue des artistes primés », précise la Fundació Joan Miró.
Depuis sa création en 2007, le prix Joan Miró a été décerné à des artistes tels que Ólafur Elíasson (2007), Pipilotti Rist (2009), Mona Hatoum (2011), Roni Horn (2013), Ignasi Aballí (2015), Kader Attia (2017), Nalini Malani (2019) et Tuan Andrew Nguyen (2023).
Le jury du prix Joan Miró 2025, présidé par Marko Daniel, directeur de la Fundació Joan Miró, était composé de : Hoor Al Qasimi, présidente et directrice de la Sharjah Art Foundation aux Émirats arabes unis et commissaire de la 25e Biennale de Sydney en 2026 ; Pablo Lafuente, directeur artistique du Museu de Arte Moderna de Rio de Janeiro (MAM) ; Ann-Sofi Noring, ancienne co-directrice du Moderna Museet de Stockholm et membre du conseil d’administration de l’Académie royale suédoise des beaux-arts ; Marie-Hélène Pereira, conservatrice principale pour les pratiques performatives à la Haus der Kulturen der Welt (HKW) à Berlin ; et Jorge Diez, responsable du design chez Cupra.