La musique s’échappe du sous-sol du SongEun Art Space à Séoul et attire le visiteur dans ses espaces souterrains baignés dans une atmosphère d’un rouge intense, pour enfin découvrir au fond d’un long couloir une Maria Callas incarnée par Dominique Gonzalez-Foerster. À côté de cette œuvre déjà montrée à la Bourse de Commerce à Paris, et qui est présentée dans une exposition de la collection Pinault dans ce bâtiment conçu par Herzog & de Meuron, l’artiste s’est aussi produite sur scène avec le groupe Exotourisme formé avec le musicien et interprète Perez. La musique et le son prennent en effet une place de plus en plus importante dans l’art contemporain, tout aussi bien dans la création que dans la curation.
C’est ainsi que Nicolas Bourriaud a titré la 15e Biennale de Gwangju, dont il est le commissaire, « Pansori. A soundscape of the 21st Century » (Pansori. Un paysage sonore du XXIe siècle), en référence à cet art traditionnel coréen mêlant histoires chantées et percussions. Certains artistes invités à la Biennale se sont même emparés de cette forme musicale. Lors de la cérémonie d’ouverture (aussi pluvieuse que celle des Jeux olympiques de Paris 2024 !), Loris Gréaud a proposé la performance HEUNGBOGA avec la chanteuse franco-camerounaise Laure Mafo qui s’est formée au Pansori à Séoul. Saâdane Afif a quant à lui collaboré avec Sora Kim pour une série de concerts intitulés « Sora Kim Sings Eternity » lors desquels la maître du pansori née à Gwangju chante des textes en anglais – une nouveauté – choisis par l’artiste français et écrits par Sebastian Black, Julieta Aranda ou Valérie Chartrain.
Plus globalement, le son est très présent dans la Biennale, la première œuvre que le visiteur découvre en entrant dans l’exposition étant symboliquement une pièce sonore, celle du Nigérian Emeka Ogboh, Oju 2.0, diffusée dans une salle plongée dans l’obscurité. Le parcours se déploie aussi hors les murs, dans le quartier ancien de la ville. Dans une maison traditionnelle, Andrius Arutiunian propose une installation sonore composée de longs accords. Il faut fermer les yeux pour découvrir de nouveaux territoires visuels.