Avec Valéry Giscard d’Estaing, les Français ont connu un président réformateur – on lui doit la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, la majorité à 18 ans ou le remboursement de la pilule –et progressiste, passionné par la construction européenne. Plus discret et plus classique était l’attrait de l’ancien chef de l’État, décédé à l’âge de 94 ans en 2020, pour les meubles et objets d’art du « grand goût à la française », à l’image des châteaux que le couple possédait – Estaing, Murol, Authon, Chaillot ou encore Varvasse. Le contenu de cette bâtisse du XVe siècle située à Chanonat (Puy-de-Dôme) avait été dispersé aux enchères en 2012, sous le marteau de la maison Aguttes, pour un total de 625 000 euros.
ARTS RAFFINÉS DU XVIIIe SIÈCLE FRANÇAIS
« Beaucoup ont en tête la vente de Varvasse, une résidence occasionnelle du couple. Notre vacation est davantage privée, puisque le catalogue recense les meubles et objets d’art qui habillaient sa demeure parisienne. Les Giscard d’Estaing étaient de véritables amateurs de mobilier ancien, notamment de style Louis XV, de porcelaine et de faïence de Clermont-Ferrand »,souligne le commissaire-priseur Pierre-Yves Lefèvre. En effet, après s’être mariés en 1952, Valéry et Anne-Aymone Giscard d’Estaing s’installent rue Benouville, dans le 16e arrondissement de Paris – un lieu que la veuve de l’ancien président a récemment quitté. « Elle souhaitait se libérer et vendre une partie de la collection. Un ensemble de pièces de grande qualité qui fait entrer les collectionneurs dans l’intimité de la famille, animée d’un goût pointu pour les arts raffinés du XVIiie siècle français », poursuit-il.
Ce sont 68 années de mariage que la maison Beaussant Lefèvre & Associés met à l’encan le 13 décembre 2022, à travers 182 lots dont l’estimation globale avoisine le million d’euros. « Des pièces à la provenance prestigieuse et à l’histoire simple et limpide, puisque tout vient du même endroit », précise encore Pierre-Yves Lefèvre. Parmi les meubles phares, mentionnons un grand bureau d’époque Louis XVI estampillé Garnier, avec baromètre à mercure et régulateur signé François Ageron, l’un des horlogers parisiens les plus réputés. Estimé 300 000-400 000 euros, il provient de la succession du général de Brantes, l’aïeul d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing. De même origine, une commode Louis XV estampillée Laurent Rochette a été montrée au musée des
Arts décoratifs dans l’exposition « Grands ébénistes et menuisiers parisiens du XVIIIe siècle » entre décembre 1955 et février 1956
(est. 25 000-35 000 euros). La porcelaine de Sèvres du XVIIIe siècle est représentée par des lots issus de la collection Schneider – famille d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing –, dont deux assiettes du service « petits vases et guirlandes » de la comtesse du Barry (estimées 12 000-15 000 euros). Enfin, un buste du compositeur Gustav Mahler sculpté par Auguste Rodin
(est. 20 000 - 30 000 euros) ainsi qu’une pendule Empire simulant une fontaine (est. 20 000 - 30 000 euros), réplique de celle conçue par Charles Percier pour la place Dauphine en 1803, complètent la sélection.
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« Mobilier et objets d’art provenant des collections Anne-Aymone et Valéry Giscard d’Estaing », 13 décembre 2022, Beaussant Lefèvre & Associés, Hôtel Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris.