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Actualité

Trame pointilliste, photos de fraises et tuyaux d’orgue

Patrick Javault
10 octobre 2025
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Vue de l’exposition « Emma McIntyre : Syllables in Oleander » chez Air de Paris. Photo : Gregory Copitet

Vue de l’exposition « Emma McIntyre : Syllables in Oleander » chez Air de Paris. Photo : Gregory Copitet

L'actualité des galeries

Un choix d'expositions proposées dans les galeries par le critique d'art Patrick Javault

Emma McIntyre : Syllables in Oleander

L’art d’Emma McIntyre est tourné vers l’expérimentation et le dialogue constant avec des peintres de toutes époques. Dans les tableaux qu’elle a réunis dans « Syllables in Oleander », l’image ou le motif ont presque complètement disparu. Dans nombre d’entre eux, elle emploie avec plus ou moins d’économie un maillage de petits cercles obtenu visiblement par impression d’une feuille de papier bulle. C’est un renouvellement de la trame pointilliste avec de l’air en plus. Une autre façon peut-être aussi d’échanger avec Sigmar Polke auquel un tableau brun, The Swan, the Scorpion, the Archer, semble particulièrement adressé. Dans Heaven or the Abyss, la trame en papier bulle, blanche sur fond azur, couvre la totalité de la toile. Sur elle se sont posées deux larges parenthèses de rouge, deux boucles de noir et une éclaboussure blanchâtre. Ces couleurs semblent littéralement portées par la toile, un pur effet de surface. À l’opposé de cette œuvre, Tell it Slant est construite par glacis brossés dans différents tons de vert, horizontaux, verticaux ou obliques, qui créent un espace plural profond et lumineux. Il y a çà et là quelques traits de noir ou de blanc qui dessinent un brin d’herbe ou imitent une écriture. Et presque au centre, sont posées deux taches faites de violet, de noir et de blanc, comme deux fleurs qui nous regardent. Par un agencement de gestes anonymes, différentes façons de faire un fond en appliquant des couleurs fluides, Emma McIntyre crée un espace intrigant à la limite du fantastique.

Du 14 septembre au 31 octobre 2025, Air de Paris, 43 rue de la Commune de Paris, 93230 Romainville

Vue de l’exposition « Hans-Peter Feldmann » à la Galerie Martine Aboucaya. Courtesy Galerie Martine Aboucaya

Hans-Peter Feldmann

L’œuvre de Hans-Peter Feldmann (1941-2023) fait actuellement l’objet d’une rétrospective au KunstPalast à Düsseldorf. Toutes les galeries de l’artiste ont choisi de le célébrer à peu près en même temps. L’hommage parisien est une rétrospective en petit qui réunit des exemples significatifs de la plupart de ses séries, à commencer par les ensembles de photographies trouvées ou faites par lui dans une manière anonyme. Trois ensembles de photos simplement punaisées au mur s’offrent comme des repères qui sont autant de traits d’esprit. Réunis en cercle, des photos de jambes de femmes découpées dans des articles ou des publicités de magazine traduisent une obsession banale en manifestation d’un regard. Les photos en tirage petit format de nuages, pris un par un dans un même ciel, sont autant un clin d’œil aux séries de la photographie conceptuelle qu’une tentative d’épuisement de l’espace infini. Le troisième ensemble est composé de photos de fraises qui, ensemble, font une livre et qui ont chacune droit à leur portrait. Hans-Peter Feldmann a incarné l’une des façons les plus naturelles de faire de l’art, à partir de chez soi et en pensant le moins possible à la perspective du musée. D’ailleurs, quand il cite la peinture, c’est à travers des tableaux de brocante auxquels il donne une nouvelle vie. Lorsqu’il écrase un oreiller sur un socle, c’est aussi un instantané, le moment où cet objet peut transmettre une émotion de nature esthétique. Lorsqu’il accroche au mur sa veste froissée, il dit juste qu’il fut un homme, en ayant peut-être une pensée pour Joseph Beuys et une autre pour Marcel Broodthaers. De même qu’il a su faire de la collection d’images un authentique acte créateur, il a su abolir les portes entre l’atelier, la maison et le musée.

Du 6 septembre au 31 octobre 2025, Martine Aboucaya, 5 rue Sainte Anastase, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Thomas Buswell : Pangloss’s Lost Candy Floss » chez Suzanne Tarasieve. Photo Rebecca Fanuele

Thomas Buswell : Pangloss’s Lost Candy Floss

Avec un engagement manifeste, Thomas Buswell a transformé la galerie en un espace qui tient de l’atelier et du laboratoire, mariant la fête et l’entropie, l’art de l’ingénieur et la performance. Cela commence par une poignée de tuyaux d’orgue érigés en sculpture avec un socle fait d’éléments récupérés et des grosses boules à franges de balai O-Cedar. Reliés à une pompe mécanique, les tuyaux diffusent par intermittence une sorte de plainte. Un son continu vient d’une deuxième salle, c’est celui que diffuse un bac à vaisselle rempli d’eau qui gargouille. On trouve ensuite deux colonnes de haut-parleurs suspendus (Messe Basse 1et 2) qui n’émettent aucun son mais ont un fort pouvoir de suggestion. Les haut-parleurs sont en partie couverts d’aiguilles de pommes de pin et de peinture, et évoquent quelque fête rurale. On retrouve des tuyaux d’orgue sur un dessin, et sur un autre dessin on voit un homme étendu sur un matelas à l’aspect de cornemuse géante. Autre allusion au bruit : une petite cuvette en béton recueille des pétards dans de l’eau. Savoir si l’esprit est à la célébration ou à l’élégie est affaire de point de vue. Une espèce de modèle pour monument public, composé de têtes en béton qui soutiennent un arbuste, porte, lui aussi, la marque de la décrépitude. Enfin, une œuvre au mur a été tracée avec le café d’une chope qui lui est restée attachée. Exemples d’un esprit foisonnant, ces différents objets définissent un vaste champ d’intervention où l’artiste oscille entre l’introspection et le partage.

Du 13 septembre au 1er novembre 2025, Suzanne Tarasieve, 7 rue Pastourelle, 75003 Paris

Vue de l’exposition « Capucine Vever : Là où s’effondrent les dragons » à la Galerie Éric Mouchet, Paris. © Hafid Lhachmi - ADAGP Paris, 2025

Capucine Vever : Là où s’effondrent les dragons

« Là où s’effondrent les dragons » vient après la présentation de l’installation Dérives Alpines au Centre d’art de Flaine (Haute-Savoie), au terme d’une résidence en ce lieu. Montré en double projection, Dérives Alpines a été tourné durant plusieurs saisons, au cours de randonnées effectuées par l’artiste et son chef opérateur. Le sujet du film, c’est un glacier, exploré sous différents angles, et qui se raconte par le biais d’un surtitrage. Le monologue du glacier mêle données factuelles et considérations esthétiques. Le ton adopté par ce monument naturel reste relativement neutre ; sa fin, lucidement envisagée, devant normalement suffire à inspirer l’effroi. Le choix de focale a permis d’obtenir un point de vue à hauteur d’humain et sans déformation de l’image. On a parfois le sentiment d’être très près et cependant, presque au milieu du film, une vue plongeante sur des skieurs nous fait mesurer la distance. Aucun son ambiant n’a été employé pour la piste sonore confiée à Valentin Ferré. Les dragons du titre renvoient aux légendes circulant du XVIe au XVIIIe siècles qui assimilaient les langues des glaciers à des monstres. L’artiste s’est inspirée des motifs de ces langues pour exécuter un ensemble de céramiques blanches, craquelées, qu’elle a suspendues avec des pierres comme contrepoids. Ces formes ont ensuite servi de modèles pour des dessins à l’encre dans l’esprit des livres d’histoire naturelle. Approcher du glacier et apprivoiser les peurs sont étroitement liés.

Du 6 septembre au 25 octobre 2025, Galerie Éric Mouchet, 45 rue Jacob, 75006 Paris

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