La collection « Superscripte. Textes sur la photographie contemporaine » a été imaginée par Danaé Panchaud et Claus Gunti, commissaires d’exposition et spécialistes du médium, l’une à la direction du Centre de la photographie Genève (CPG), l’autre en charge de sa coordination. Pensé comme un laboratoire de recherche, le CPG a pour ambition d’offrir une pluralité d’actions aux photographes, de l’exposition au workshop en passant par des temps de rencontre et de réflexion. Dans cette perspective, « Superscripte » est née du constat d’un manque, dans le champ francophone, d’ouvrages théoriques sur les pratiques contemporaines du médium. Au rythme de deux publications par an, chaque volume introduira ses lecteurs à une nouvelle facette de la photographie contemporaine, à travers des textes accessibles, confiés à des chercheurs, des critiques ou des artistes.
Explorer le dynamisme contemporain
Un premier livre, rédigé par la photographe Aline Bovard Rudaz, porte sur les travaux dénonçant les violences de genre, sujet fort en photographie, particulièrement depuis le mouvement #MeToo. L’historienne et critique d’art Nassim Daghighian s’est vu confier le deuxième opus, consacré aux formes d’exposition. Par cette invitation, Claus Gunti souhaite mettre en lumière le dynamisme « curatorial » de ces quinze dernières années : « Depuis 2010, les expositions de photographie sont bien plus expérimentales, loin des accrochages conventionnels. Il nous semblait important de rendre compte de ces innovations, d’autant qu’il existe une vaste littérature sur l’histoire des expositions de photographie, mais peu de choses sur ses développements contemporains. »
Nassim Daghighian a imaginé différentes catégories pour aborder l’exposition de photographie, qu’elle envisage comme un « moyen d’expression multisensoriel ». Les premiers chapitres analysent la manière dont, en tant que dispositif spatial, celle-ci engage à la fois une exploration formelle, une expérience sensible du visiteur et une portée critique, en soulignant les relations dynamiques entre œuvres, espace, acteurs et spectateurs. L’auteure étudie ensuite les différentes formes de monstration possibles avant de s’intéresser aux contraintes pratiques, spatiales et économiques qu’elles engendrent, offrant un point de vue très concret sur la conception d’une exposition de photographie.
À l’image du reste de la série – dont les prochains titres, sur l’image objet et sur les enjeux écologiques de la photographie, sont en préparation –, la proposition de Nassim Daghighian constitue une porte d’entrée aussi érudite que didactique sur une facette essentielle de la photographie.
Nassim Daghighian, Exposition de photographie, Genève, Éditions CPG, 2025, 104 pages, 23 euros.