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Quatre figures majeures du marché de l’art s’unissent pour créer un cabinet de conseil d’exception

Ed Dolman, Brett Gorvy, Patti Wong et Phillip Hoffman lancent une société destinée à accompagner une clientèle de très haut niveau, alors que le secteur entre dans une nouvelle ère.

Anny Shaw
1 juillet 2025
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Les associés de New Perspectives Art Partners. De gauche à droite : Brett Gorvy, Philip Hoffman, Ed Dolman, Patti Wong et Alex Dolman. Courtesy d’Emilio Madrid

Les associés de New Perspectives Art Partners. De gauche à droite : Brett Gorvy, Philip Hoffman, Ed Dolman, Patti Wong et Alex Dolman. Courtesy d’Emilio Madrid

Quatre figures majeures du marché de l’art s’associent pour créer un cabinet de conseil d’élite destiné à accompagner les clients les plus prestigieux dans un contexte de profonds bouleversements du secteur. Ce « super-groupe » réunit des personnalités ayant joué un rôle central dans certaines des plus importantes transactions de ces trente dernières années : Ed Dolman, ancien président exécutif de Phillips ; Brett Gorvy, cofondateur de la galerie Lévy Gorvy et ex-président du département Art d’après-guerre et contemporain chez Christie’s ; Patti Wong, fondatrice de Patti Wong & Associates à Hong Kong et ex-membre de la direction de Sotheby’s ; ainsi que Phillip Hoffman, associé de Wong et directeur de la société de conseil londonienne The Fine Art Group. Alex Dolman, fils d’Ed Dolman et cofondateur avec ce dernier de la société Dolman Partners, rejoint également la structure. Tous conservent leurs fonctions respectives dans leurs entités actuelles.

Baptisé New Perspectives Art Partners, le cabinet se distingue des sociétés de conseil traditionnelles par son approche sur mesure, adaptée à chaque client. « Nous proposons un service sur mesure, prenant en charge tous les aspects des besoins spécifiques de nos clients, explique Brett Gorvy. Cela peut inclure l’achat et la vente d’œuvres – aux enchères, en galerie ou de gré à gré –, la gestion de succession, ainsi que le financement et l’assurance d’une collection. L’approche du groupe se veut globale ».

« Chacun d’entre nous apporte non seulement une expertise spécifique, mais aussi un ancrage géographique distinct : l’Europe, l’Amérique, le Moyen-Orient et l’Asie », explique Brett Gorvy, en précisant que leur clientèle principale sera constituée de family offices, de gestionnaires de fortune et de fiduciaires. Le groupe accompagnera également des clients opérant dans plusieurs domaines : objets de luxe, pièces de collection, design et œuvres d’art. Brett Gorvy estime que la nouvelle structure réunit quelque 350 clients parmi les plus importants du marché, dont certains sont en mesure d’investir jusqu’à 30 millions de dollars pour une seule œuvre.

L’idée de créer ce consortium intervient alors que le marché de l’art traverse une période de bouleversements inédits. Reprenant les observations formulées par plusieurs galeristes lors d’Art Basel en juin, Ed Dolman estime que le secteur est en pleine « mutation profonde ». Et de prévenir : « Il faut l’accepter. Sinon, c’est que l’on vit dans une autre réalité. »

Ed Dolman, qui cumule plus de quarante ans d’expérience dans le marché de l’art – notamment comme ancien directeur du bureau de la cheikha Al Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani, présidente de la Qatar Museums Authority – explique qu’il a « grandi dans un marché confortable, rythmé par des cycles réguliers » et « relativement limité sur le plan géographique » aux États-Unis et à l’Europe. « Il y avait relativement peu de clients, mais ils étaient fidèles, d’un certain âge, et collectionnaient principalement de l’art classique du XIXᵉ et du XXᵉ siècles, précise-t-il. Ces vingt dernières années, cet équilibre s’est littéralement évaporé sous nos yeux – au bénéfice d’un accroissement des volumes de vente. Le marché est devenu véritablement international, il s’est rajeuni, et il est aujourd’hui beaucoup plus sensible aux secousses géopolitiques. »

Il souligne notamment le net retrait des acheteurs chinois, freiné par des « restrictions » qui limitent leur marge de manœuvre à l’étranger – une situation qui a eu « un impact considérable » sur le volume d’acheteurs, notamment dans les ventes aux enchères. Il évoque aussi le désengagement des collectionneurs russes, qui occupaient une place majeure au début des années 2000. « Tout cela a fragilisé le marché, constate-t-il. Et nous sommes désormais dans une phase où les acteurs s’interrogent : où acheter ? comment acheter ? et surtout, quoi acheter ? »

Brett Gorvy estime que les plateformes traditionnelles, telles que les ventes aux enchères ou les foires d’art, ne remplissent plus aujourd’hui le même rôle qu’auparavant. « Le marché a changé, et son public aussi, observe-t-il. Les gens consultent des PDF, sans nécessairement ressentir le désir ni l’urgence d’acheter comme avant. Art Basel, cette année, était une foire très différente de celles des années précédentes – pas forcément un échec, mais avec un tout autre profil de visiteurs et une offre artistique elle aussi transformée. »

La pandémie a également profondément bouleversé les pratiques des maisons de ventes. « Les clients ne reçoivent plus de catalogues, ce qui les conduit à passer à côté d’œuvres majeures ou de rendez-vous essentiels du calendrier, explique Brett Gorvy. C’est un autre monde, qui demande une gestion plus fine et plus attentive – tant concernant le contenu mis sur le marché que le suivi des plateformes qui fonctionnent réellement. » Contrairement aux maisons de ventes, souvent dotées d’équipes pléthoriques, le nouveau consortium pourra, selon lui, fonctionner de manière « fluide et confidentielle ».

Ed Dolman souligne que la révolution numérique, en allégeant les maisons de ventes sur le plan des effectifs, des frais d’impression et des coûts marketing, n’a pas pour autant amélioré leurs marges. « La rentabilité reste problématique. Un grand nombre de coûts supplémentaires ont été intégrés au modèle économique sans de véritables allègements des charges fixes, constate-t-il. Par ailleurs, les commissions appliquées – aussi bien du côté des acheteurs que des vendeurs – n’ont jamais été aussi élevées. »

Les ventes privées, elles, progressent alors que les enchères publiques s’essoufflent. « Les ventes aux enchères sont moins euphoriques ; on ne voit plus guère d’œuvres doubler ou tripler leur estimation, observe Ed Dolman. Cela tient en partie à la manière dont les ventes sont construites, mais aussi à l’impact des garanties de tiers. »

Concernant la politique tarifaire du nouveau groupement, Ed Dolman insiste sur son caractère raisonnable. « Pour l’instant, nous cherchons à rester les plus agiles possible afin d’être compétitifs en matière de frais et de structure tarifaire », explique-t-il.

L’une des priorités du groupe sera d’accompagner la nouvelle génération de collectionneurs. « Le besoin de connaissances et d’expertise est plus fort que jamais, car nous avons désormais affaire à une génération qui hérite de collections ou qui doit gérer celles de leurs parents, indique Brett Gorvy. Cette nouvelle génération ne possède pas forcément la même maîtrise des subtilités du marché que leurs aînés. »

Selon lui, les jeunes accèdent à l’art par des canaux totalement différents, notamment via Instagram ou leur smartphone. « Aller en galerie et discuter des heures d’une œuvre, c’est très old school, dit-il. Aujourd’hui, l’accès est instantané, mais il ne s’accompagne pas forcément d’une réelle profondeur de connaissance. »

Le groupe porte aussi une attention particulière à la montée en puissance du Moyen-Orient, où Art Basel et Sotheby’s investissent massivement. Alex Dolman travaille en Arabie saoudite depuis près d’une décennie et y a développé un solide réseau, aux côtés de son père.

Ed Dolman reconnaît son incertitude vis-à-vis de l’avenir. « Il faudrait être bien audacieux pour affirmer, la main sur le cœur, où en sera le marché dans cinq ans, affirme-t-il. À court terme, je pense que l’on verra une concentration continue sur les valeurs sûres de la fin du XIXᵉ et du XXᵉ siècle – le regain d’intérêt pour le surréalisme en est un bon indicateur. »

Malgré un certain recul de la spéculation observé sur le marché de l’art contemporain, Ed Dolman reste confiant : « Il existe toujours un appétit insatiable pour les artistes actuels. Je n’ai pas du tout renoncé à cela – c’est un segment vibrant, passionnant, qui parle à toute une nouvelle génération d’acheteurs. Et ce n’est pas près de disparaître. »

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