Né en 1933 à Nancy, Daniel Lelong fut l’un des protagonistes de la création d’une institution majeure pour l’histoire de l’art moderne avant de devenir une figure respectée du marché de l’art. En 1961, alors juriste au Conseil d’État, il rejoint Aimé Maeght pour rédiger les statuts de la future Fondation Maeght, qui ouvrira en 1964 à Saint-Paul-de-Vence. Avec Jacques Dupin, il devient son principal collaborateur. C’est à cette époque qu’il se lie notamment d’amitié avec Alexander Calder, Joan Miró, Antoni Tàpies et Eduardo Chillida.
En 1981, Aimé Maeght crée avec Daniel Lelong, Jacques Dupin et Jean Frémon la société Maeght S.A. La galerie prend le nom de Maeght-Lelong après le décès d’Aimé Maeght. En 1987, elle devient la Galerie Lelong, sous l’égide du trio (Lelong, Dupin et Frémon). Son exposition inaugurale présente des œuvres de Francis Bacon. Le vernissage est suivi d’une fête organisée à l'École des beaux-arts de Paris. Par la suite, des galeries sœurs ont été ouvertes à Zurich et à New York.
« Nous avons toujours eu des artistes internationaux – nous devons être une galerie internationale, déclarait Daniel Lelong dans un entretien à Flash Art en 2014. À l'époque où nous avons commencé, les gens de l'École de Paris étaient tous formidables, mais on ne pouvait pas imaginer vendre une œuvre à New York, à Détroit ou à Philadelphie. C'était un vrai problème, les gens avaient besoin de rester dans leur cocon. Nous ne voulions pas de cela. C'est pourquoi nous sommes partis à l'étranger. Par ailleurs, Paris n'occupe plus la même place dans le monde de l'art qu'auparavant. Progressivement, le paysage a beaucoup changé : à l'époque de la Galerie Maeght, les grands collectionneurs américains venaient en France au début du printemps, et nous vendions des œuvres de Giacometti, de Braque, de Chagall… Cela a duré un certain temps, puis, à un moment donné, ces visiteurs se sont faits de plus en plus rares, et ont cessé de venir du tout au tout. Le rôle de Paris a considérablement changé. Les artistes voulaient exposer à Paris, et nous avons élaboré une stratégie pour eux. »
La galerie Lelong dispose aujourd’hui de deux espaces dans le 8e arrondissement de Paris et d’un troisième à New York, ouvert en 1985. Elle représente une cinquantaine d’artistes, à la fois historiques – Karel Appel, Nancy Spero, Jean Dubuffet, Jannis Kounellis, Tom Wesselman… – et vivants, tels Pierre Alechinsky, David Hockney, Marc Desgrandchamps, Ernest Pignon-Ernest, Jaume Plensa, Sean Scully, Barthélémy Toguo ou Kiki Smith. En 2012, après le décès de Jacques Dupin, Daniel Lelong, qui a assuré la présidence du COFIAC (comité d’organisation de la FIAC) entre 1983 et 1990, avait cédé son poste de PDG à Jean Frémon.
Mélomane, bon vivant, amateur de sport – on lui doit la collaboration entre la galerie et la Fédération française de tennis, qui a donné lieu à la réalisation d’affiches de Roland Garros par Miró (1991) ou Tàpies (2000) –, Daniel Lelong a également écrit et publié des livres, dont un recueil de souvenirs, Avec Calder (L’Échoppe, 2000), sur le sculpteur américain, et plusieurs volumes du catalogue raisonné de Miró, coécrits par sa fille Ariane Lelong-Mainaud.
« Tous ceux qui l’ont connu garderont de Daniel Lelong le souvenir d’une personnalité chaleureuse et toujours positive. La Galerie Lelong lui doit beaucoup et continuera, à Paris et New York, dans l’esprit qu’il lui a insufflé. Nos pensées vont à ses deux enfants Ariane et Stéphane », a déclaré la galerie à l’annonce de son décès.